Je suis Charlie - hommage en chansons (2015)

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Moi je suis Charlie - Moi je suis Paris - Multiculturalisme et interculturalité

Vendredi, 13 novembre 2015: Six attentats simultanés à Paris et à Saint-Denis

(en construction) 

Trois équipes kamikases portant les mêmes gilets explosifs ont mené des actions coordonnées.
L'un des 7 terroristes tués avait fait l’objet d’une « fiche S ».
Les attentats ont été revendiqués par l'Etat Islamique dès le samedi matin.
Un bilan provisoire fait état de 130 morts et 352 blessés, dont 99 dans un état grave.
Selon Manuel Vals la France est « en guerre » contre Daesh.
Le chef de l’Etat a décrété vendredi soir l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire.
 
Des repères pour mieux comprendre
Les éditions du Petit quotidien et de Mon quotidien consacrées aux attentats disponibles au téléchargement.
Dossier spécial de TV5 : l'éducation face aux attentats
avec des fiches pédagogiques pour les enseignants et les apprenants au niveau A2 et B1

 

1) Stade de France (rue Jules-Rimet et rue de la Cokerie), (2) Le Carillon et Le Petit Cambodge, croisement des rues Bichat et Alibert, (3) La Casa Nostra et La Bonne Bière, rue de la Fontaine-au-Roi, (4) le Bataclan, (5) La Belle Équipe, rue de Charonne.

**********

 

 Attentats à Paris : l’intégralité des événements, par le procureur de Paris (François Molins)

  1. Quel est le bilan provisoire des attentats (les morts et blessés parmi la population civile, parmi les terroristes) ?
  2. Expliquez le terme "en état d'urgence absolue".
  3. Est-ce que ces attentats étaient prévisibles ?
  4. Quelles mesures immédiates ont été prises ?
  5. Décrivez le lieu, les actions et l'heure de la première explosion.
  6. Où se déroule la deuxième scène (l'heure, nom du bar, actions, bilan) ?
  7. Décirvez et commentez le troisième épisode à 21h30 (l'heure, actions, bilan).
  8. Retracez le déroulement de la deuxième fusillade dans le 11ème arrondissement.
  9. A 21h36 les terroristes frappentt le restaurant "La belle équipe"...
  10. Au alentours de 21h40 ...
  11. Au Bataclan ... Qu'est-ce que les terroristes ont évoqué avant de se donner la mort ?
  12. L'assaut ...
  13. A 21h54 ...
  14. Qui est a l'origine de cette barbarie ?
  15. A quoi l'enquête va-t-elle s'attacher ?
  16. Qui sont les terroristes identifiés ?
  17. Quelles sont les armes de guerre qui ont été utilisées ?
  18. Qu'est-ce que nous apprenons sur les voitures utilisées lors des attentats ?
  19. Quels sont les rapports des attentats avec la Belquique ?

 

Discours de François Hollande

 

  • Que savez-vous sur les attentats du 13 novembre ? Faites un remue-méninges.
  • Visionnéz la vidéo ci-dessus, puis relevez ce que dit le Président sur les attantats. Quelles opérations sont en cours pendant son discours.
  • Quelles sont les premières décisions prises par le Président ?
  • Expliquez les conséquences de la déclaration de l'état d'urgence et de la fermeture des frontières.
  • Selon le Président, quelles sont les intentions des terroristes ? Quel est votre avis à se sujet ?
  • Quel appel adresse-t-il aux Français ?

 

Discussion

  • « Il faut cultiver l'amour de l'autre et ne pas aller vers la haine de l'autre ».
  • « La peur est un sentiment normal quand on aime la vie ».
  • « Je ne veux pas refaire le monde, je veux empêcher qu’on le défasse.» (Camus à la fin de son discours du Nobel).
  • «Chaque fois que l’on prend les armes au nom de la justice, on met un pied dans le champ de l’injustice.» (Camus en référence à Simone Weil)
  • «Quelquefois, je prononce une phrase, mais je ne vais pas jusqu’au bout, de peur d’avoir à douter de la vérité qui frapperait la première.» (André Gide)
  • Dans un article d’Edgar Morin publié dans le Nouvelle Observateur le 22/10/2015 (No 2659 ) nous pouvons lire :
    « Certains disent que pour améliorer l’humanité, il faut changer la société. D’autres disent qu’il faut plutôt nous changer nous-mêmes. Moi, je ne sais pas par quoi commencer. Je pense que ces deux nécessités doivent être conjointes et que la pensée complexe n’est pas binaire, mais plus souvent dans le et/et (...)  Ne faudrait-il pas inscrire dans la Constitution que la France est une République une et multiculturelle » ?
  • La pathologie sociale est la base de la radicalisation.
  • La confiscation de la religion n'est que le cache-nez des djihadistes.
  • Dans un communiqué de François Hollande diffusé le soir même des attentats le Président a déclaré que « la France sera impitoyable à l’égard des barbares ». Commentez la déclaration du Président.
  • Selon votre avis, pourquoi les terroristes frappent-ils la France ?
  • Quelles stratégies faudrait-il employer pour prévenir des attentats ?
  • Comment définissez-vous "être français" ?

  •  Lisez la lettre « Monsieur le Président, vous êtes tombé dans le piège ! » et discutez-en.
 
Faites des recherches et présentez vos résultats en plenum
  • L'Etat islamqiue, Daesh
  • Une « fiche S »
  • Les attentats commis à Paris depuis 1990.

 

D'autres attentats commis en France depuis 1990

Depuis 1990 le nombre de victimes d’actes terroristes en France s’élevait à 102 morts. La seule nuit du 13 novembre 2015 a fait plus que doubler ce chiffre tragique en le ramenant à 242 décès, voire plus.

  • Faites une courte recherche sur les attentats de 1986 et de 1995 tout en élucidant le contexte historique (cf. ci-dessous).

1986
L’attentat de la rue de Rennes le mercredi 17 décembre devant le magasin Tati fait 7 morts et 55 blessés.
Cet attentat est l’un des plus meurtriers des quatorze attentats revendiqués par le « Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient ». Le terroriste islamiste Fouad Ali Saleh d’origine tunisienne et né à Paris en 1958 avait organisé cet attentat pour le compte du hezbollah liabanias. Son objectif était de faire cesser le soutien apporté par la France à l’Irak dans le conflit contre l’Iran (1980-1988) et de réclamer la libération de trois terroristes (d’origine iranienne, libanaise et arménienne)  détenus en France.
1995
Frappé par la guerre civile de la décennie noire en Algérie (1991-2002), la France fait l’objet de huit attentats à la bombe revendiqués par le groupe islamique armé (GIA). Ces attentats font 8 morts et près de 200 blessés. La série d’attentats avait débuté avec  l’assassinat de cinq Français à Alger en août 1994, puis la prise d’otage à bord d’un avion d’Air France en décembre 1994. En mars 1996 sept moines du monastère de Tibhirine sont enlevés et assassinés. Les circonstances de leur mort ne sont pas sans équivoques. Il pourrait s'agir du GIA, mais aussi de l'armée algérienne qui aurait voulu empêcher les moines de
soigner les maquisards islamistes.
2012
Tueries à Toulouse et Montauban perpétrées par l'islamiste Mohamed Merah - 7 morts
2013
Militaire français blessé à la Défense par un extrémiste islamiste armé d'un couteau
Janvier 2015
Les attentats de janvier 2015 qui se sont  déroulés entre les 7 et 9 janvier à Paris visaient le comité de rédaction du journal satirique Charlie Hebdo. Deux djihadistes français, les frères Kouachi,  ont assassiné onze personnes et ont blessé onze autres avant d’avoir tué deux policiers et des clients d’une supérette cachère. Au total 17 personnes ont été tuées plus les 3 terroristes abattus par les forces de l’ordre. L'attentat a été revendiqué par Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA), basé au Yémen.
Le 8 janvier 2015, Amedy Coulibaly, un ressortissant français proche des frères Kouachi, tue par balle une policière municipale et blesse grièvement une autre personne à Montrouge. Lors de la prise d’otage de clients d’une supérette cachère à la porte de Vincennes il en tue quatre avant d’être abattu lors d’un assaut. Amedy Coulibaly avait affirmé d’avoir agi au nom de l’organisation djihadiste de l’État islamique.
Avril 2015
Jeune femme assassinée à Villejuif par un étudiant qui projetait un attentat sur une église
Juin 2015
Assassinat et tentative d'attentat dans une usine de production de gaz industriels à Saint-Quentin-Fallavier (Isère) -1 mort
Août 2015
Tentative d'attentat dans le train Thalys Amsterdam-Paris - 5 blessés

 

Novembre 2015
Dans la nuit du 13 novembre 2015 a lieu la pire attaque terroriste qui n’ait jamais frappé la France. Les meurtres ont été revendiqués par l’État islamique dès le lendemain. Six attaques, et probablement une septième, ont lieu simultanément à Paris et à Saint-Denis.
Un premier bilan provisoire fait état d’au moins 128 morts dont au moins 82 dans l’attaque de la salle de concert du Bataclan, et de 237 blessés, dont certains dans un état grave. Huit terroristes sont morts, dont sept se seraient fait exploser.

 

 

**********
 

Je suis Charlie - hommage en chansons

Vocabulaire pour la discussion en classe (M. Overmann), Word, 4 p.

2. Sensibilisation au sujet (B1-B2) (par Maxime Girard)  
3. Interview avec le dessinateur Luz de Charlie Hebdo (B2) (Visonnement et réception orale, M. Overmann)
4. Hommage en chansons (B2-C1) (M. Overmann)  
5. La pédagogie de la laïcité et l'enseignement du fait religieux (B2--C1) (Réception orale, M. Overmann)

 

  • Faites un remue-méninge autour des termes "satire" et "caricature".
  • Après une recherche antérieure, deux apprenants présentent une définition des deux termes. Discussion en classe.
  • Faites un remue-méninge autour de l'affiche "Je suis Charlie", puis autour de "la liberté d'expression". Discussion en classe.
  • Un groupe de deux ou trois apprenants expose les résultats de leur recherche pour présenter les faits autour de l'attentat terroriste qui a frappé les locaux de Charlie Hebdo le mercredi 7 janvier 2015.
  • En équipes, travaillez sur le Clip "C'est quoi, la liberté d'expression ?" (1:42) qui explique ce droit fondamental aux enfants et qui a été publié en réaction à l'attaque terroriste de Charlie Hebdo par 1jour1question. Résumez les idées essentielles et discutez-en en classe.
  • Regardez le Diaporama en hommage à Charlie Hebdo, puis les caricatures des dessinateurs sur le site de TV5 Monde. En groupes de deux ou trois, choisissez l'une des caricatures que vous décrirez et analyserez avant de la présenter aux autres apprenants.
  • Lors du visionnement du clip ci-dessous, notez quelques slogans et/ ou représentations caricaturales dont vous souhaiteriez discuter en classe.

Je suis Charlie - Sur une musique de Daniel Saez (2008) : "Jeunesse, lève-toi"

(en construction)  

2. Sensibilisation au sujet (B1-B2) (avec l'aimable autorisation de Maxime Girard)

Activités élaborés par Maxime Girard le 14 janvier 2015 pour les Zexperts FLE: http://leszexpertsfle.com/ Tout le dossier en PDF

  • Visionnement d'une vidéo

1) Activité préparatoire : associez ces mots et leurs définitions :

La manifestation Une personne qui manifeste
Un manifestant Fait de réclamer (des droits, des aides,...)
Mobiliser Arrêt temporaire et collectif du travail pour exprimer son mécontentement
Une banderole Rassemblement de personnes qui veulent faire connaître leur opinion
Un slogan Le corps de police qui intervient lors des
manifestations
Défiler Formule brève et marquante particulièrement utilisée dans la publicité
La grève Longue pièce de tissu sur laquelle repose une inscription
La revendication Marcher en file ou en colonne
Les CRS Appeler un groupe d’individus à agir

 

2) Regardez le reportage et répondez aux questions :

La marche républicaine du 11 janvier 2015 : au coeur d'une manifestation historique


a) Quelle scène vue lors de cette manifestation est rare selon le journaliste ?
b) En raison de quels évènements les français manifestent-ils ?
c) Associez les personnes aux points de vue exprimés :

Sarah, avocate      
• Ils ont voulu tuer Charlie mais ils ont fait
naitre 600 millions de Charlie.
Coline, étudiante

• Il faudrait que plus de pays soient présents pour se révolter contre cette violence

Antonio, chauffeur de car

• Ça fait plaisir de voir que beaucoup de gens se mobilisent.

Michael, fonctionnaire

• C’est important d’être là aujourd’hui pour défendre les libertés, la démocratie et la République.

Laurent, directeur d’un centre équestre • C’est normal que tout le monde s’unisse aujourd’hui indépendamment de l’orientation politique.

 

d) Quelles polémiques liées à la manifestation sont évoquées dans le reportage ? (cochez les bonnes réponses)

L’absence du Front National, le parti d’extrême-droite
La présence du Front National, le parti d’extrême-droite

Le problème de la sécurité des dirigeants politiques présents
La présence de dirigeants qui ne respectent pas la liberté de la presse dans leurs pays
L’absence de Barack Obama

e) Pourquoi ce rassemblement

 

3) Conversation :

  • Que signifie le slogan JE SUIS CHARLIE ? Donnez votre interprétation.

  • Que pensez-vous de cette manifestation ? Auriez-vous voulu manifester ? Pourquoi ?
  • François Hollande devait-il accepter la présence de dirigeants qui ne respectent pas la liberté de la presse ?
  • Devait-on interdire au parti d’extrême-droite de manifester ? Pourquoi ?
  • Dans beaucoup de pays, il y a eu des manifestions de solidarité. Pourquoi, selon vous, ces évènements (les attaques terroristes en France) ont-ils une portée internationale ?
  • Imaginez que vous participez à la manifestation. Préparez des slogans pour vos banderoles.

 


 

3. Interview avec le dessinateur Luz de Charlie Hebdo (Réception orale, M. Overmann)

Luz se confie sur la dernière couverture caricaturant Mahomet et sur la mobilisation "Je suis Charlie"

 "Je ne suis pas contre la foi des gens, par contre je veux bien critiquer les rabbins, les curés, les mollahs, les gens qui interprètent la foi des autres, à des fins politiques et pas toujours pacifiques. Moi je continuerai à le faire."

 

  • Réception orale. Les tâches précédées d'un astérisque sont à effectuer en tandem ou en groupe. Puis engagez un débat en classe.
  1. Résumez les paroles prononcées par la journaliste en anglais au début du clip en langue française et commentez les images.
  2. Qu'est-ce que le dessinateur dit sur son appartement ?
  3. Qu'est-ce que le policier lui a demandé ?
  4. *Faites un arrêt d'image sur le cercueil et décrivez-le (deux apprenants)
  5. *Relatez en détail pourquoi Luz a survécu à l'attentat.
  6. D'après Luz, que symbolise le journal "Charlie Hebdo"?
  7. Analysez ses énoncés qui positionnent le journal entre "agitateurs" et "chevaliers blanc".
  8. Quels sont les responsabilités d'un dessinateur ?
  9. *Que pense-t-il / que pensez-vous du New York Times qui n'a pas voulu publier les couvertures de Charlie ? Emettez différents points de vue et discutez-en. Débat.
  10. *Pense-t-il que les caricatures ont pu offenser les communautés musulmanes ? Qu'en pensez-vous ? Débat.
  11. Quelle expérience fait-il lors de l'enterrement ?
  12. Qui n'est pas visé par les caricatures et qui est visé ?
  13. *Est-ce que "les dessinateurs ont aussi un peu le droit à l'irresponsabilité ?" Débat.
  14. Qu'est-ce qu'il a ressenti pendant la marche républicaine ?
  15. Qu'est-ce que les responsables politiques devraient dire à leur peuple ?
  16. Quel paradoxe évoque-t-il au sujet de cette marche et de la dernière caricature (Tout est pardonné - Je suis Charlie). Qu'en pensez-vous ? Débat.

 

 


 4. Hommage en chansons (M. Overmann)

Exploitation de chansons

« Je suis Charlie » est un slogan créé par Joachim Roncin, un graphiste français, dans les heures suivant l'attentat contre le journal Charlie Hebdo et utilisé le 7 janvier 2015 et les jours suivants en soutien aux victimes. Le slogan est utilisé sous de multiples formes dans les manifestations de soutien en France et dans le monde ayant suivi l'attentat, ainsi que dans des textes musicaux composés en hommage aux victimes, comme ceux de Jean-Baptiste Bullet, Oxmo Puccino, Grand Corps Malade, Tryo ou encore Francis Lalanne.

 

JB Bullet 

Je suis Charlie, 8 janvier 2015

Lors de la soirée hommage à Charlie Hebdo et aux victimes du 11 janvier, JB BULLET, une jeune homme de 25 ans, peu connu, a posé des mots engagés sur l'air d'Hexagone de Renaud et cumulé plus de deux millions de vidéos vues en trois jours. « Si tu me demandes où est Charlie... A jamais dans nos esprits « , chante JB Bullet dans une vidéo postée sur son compte Facebook 24 heures après l'attaque contre le journal satirique. 



 

 

JB Bullet: Je suis Charlie

Si tu t'demandes où est Charlie
À jamais dans nos esprits

Un coup d'kalach pour un coup d'crayon
Tu salis ta religion

J'm'en fous d'où tu vas à la messe
Mais ne t'en prends pas à la presse
Car quand c'est la guerre qu'y a là-bas
T'es content qu'y ait des caméras

Ne viens pas m'parler d'religion
C't'excuse est complêt'ment bidon
J'pense pas qu'il existe de bouquin
Qui dise de flinguer son prochain

Si tu t'demandes où est Charlie
À jamais dans nos esprits

Un coup d'kalach pour un coup d'crayon
Tu salis ta religion

Même si j'ai envie d'crier aux armes
J'mets pas tout l'monde dans l'même panier
C'est en partant d'un amalgame
Qu'on fabrique des croix gammées

Mais j'ai pas peur, je suis français
Et c'est debout qu'tu vas m'trouver
Contre toi je lève mon stylo
Je suis aussi Charlie Hebdo

Si tu t'demandes où est Charlie
À jamais dans nos esprits

Un coup d'kalach pour un coup d'crayon
Tu salis ta religion

Bafouer notre liberté d'expression
C'est s'en prendre à toute la nation
On est 66 millions, et on te dit
Moi aussi... Je suis Charlie

 


Oxmo Puccino

Je suis Charlie, 8 janvier 2015

 

 


 

Grand Corps Malade
Je suis Charlie, 9. janvier 2015

« Le 7 janvier 2015, j'ai pas envie d'aller au lit. Je préfère prendre un stylo car, ce soir, je suis Charlie », ainsi commence le morceau du célèbre slameur Grand Corps malade, rapidement rédigée dans la nuit du 7 au 8 Janvier 2015 suite à l'attentat touchant 12 personnes au Charlie Hebdo, puis mis en ligne le 9 janvier. Cependant le slameur de Saint-Denis a voulu voir plus loin que l’émotion : « Laissons des traces indélébiles/ Faisons en sorte que cet élan s’affiche plus loin que sur Twitter/ Contre l’obscurantisme avec honneur et insolence (…) / Si seulement ce drame abject pouvait nous faire grandir ».

 


Grand Corps Malade: Je suis Charlie

7 janvier 2015, j’ai pas envie d’aller au lit
Je préfère prendre un stylo car ce soir je suis Charlie
Nos artisans d’la liberté ont rencontré leur destiné
Ce soir j’écris pour eux parce que je sais pas dessiner
Soyons 66 millions à avoir la même idée
Pour que leurs cartouches d’encre à eux ne soit plus jamais vidées
Laissons des traces indélébiles pour que l’avenir puisse savoir
Que leur talent et leur courage ne vivent pas que dans nos mémoires
Écrivains parolier dessinateurs graffeurs
Musiciens poètes peintres et sculpteurs
Célébrités anonymes, professionnels et amateurs
Faisons en sorte que cet élan s’affiche plus loin que sur Twitter
Des hommes sont morts pour défendre la liberté d’expression
Mais leurs idées doivent rayonner et ne subir aucune pression
Contre l’obscurantisme avec honneur et insolence
A nous de prendre les crayons pour que leur combat ait un sens
J’ai mal à l’être humain, comment en est-on arrivé là ?
Perdu dans c’vacarme la fraternité chante a capela
La barbar’ie grandie sans aucune trace de dignité
en 2015 le monde a perdu toute humanité
Je suis Charlie je suis Charlie je suis Charlie je …
Si seulement les mois qui viennent pouvaient me faire mentir
Si seulement ce drame abjecte pouvait nous faire grandir
Puissions-nous nous réunir pour croire ensemble a l’embellie
Quoiqu’il advienne j’ai un stylo car ce soir je suis Charlie
Je suis Charlie je suis Charlie je suis Charlie je…


 

Tryo

Je suis Charlie, 10. janvier 2015

Tignous était notre ami. Nous dédions cette chanson à sa famille et à toutes les victimes de ces terribles journées...

 

« Le monde a changé, Charlie, c'est ce qui t'a tué Charlie », commence la chanson de Tryo. « Je suis Charlie, toujours en vie. Je te l'écris et je vais te dessiner », entonne le quatuor sur le refrain. « Comment au nom de Dieu on a pu utiliser des armes contre un simple crayon ? T'as raté ton coup et la France toute entière restera debout «.
Pour illustrer leur hommage, les quatre garçons ont choisi des images des caricaturistes décédés au cours de l'attaque terroriste, dont Tignous qui était leur ami.  « Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma rage contre cet attentat que nous avons tous subi », a écrit le chanteur Guizmo sur Facebook. « Je suis plus que jamais motivé pour chanter, écrire et continuer à exprimer mes opinions, mes joies, mes révoltes !!! Je ne perdrai pas la foi en la démocratie et je ne me laisserai pas récupérer par des idées de racisme et d'intolérance. »

 

Tryo: Charlie

On va les chanter, mon frère
Et ces cons vivront, l’enfer

D’un monde libéré, Charlie
Où on peut s’marrer, aussi
Au milieu du vacarme, du Djihad et des armes
Il reste la culture, l’humour et la nature

Hé hé hé
Je suis Charlie,
Hé hé hé
Toujours en vie
Hé hé hé
Je te l’écris, et...
Je vais, le dessiner

Et te revoilà, Charlie
Aujourd’hui et demain, c’est dit
À grand coup de dessin
En hommage aux amis
Une grosse paire de seins
Sur un barbu aigri

Je suis plus fort que toi petit
La honte d'Allah c’est dit
Quand il te regarde il pleure pour toi
Il se frotte la barbe et il te comprend pas

Comment au nom de Dieu a t-on
Utilisé une arme contre un simple crayon
Tu ne vas pas nous faire taire
T’as raté ton coup
Et la France toute entière
Restera debout

Hé hé hé
Je suis Charlie,
Hé hé hé
Toujours en vie
Hé hé hé
Je te l’écris, et...
Je vais, le dessiner

On va rire et écrire, Charlie
On saura se souvenir, Charlie
De toutes ces barres de rire autant d’hara-kiri
On veillera à l’avenir aux familles aux amis

Je te le promets, mon frère
Ce s'ra dans la paix, mon frère
On tuera la misère, la tristesse et la guerre
Et on laissera derrière ces connards en colère

Hé hé hé
Je suis Charlie,
Hé hé hé
Toujours en vie
Hé hé hé
Je te l’écris, et...
Je vais, le dessiner
(x2)

 

 


 

Francis Lalanne

Je suis Charlie, 12. janvier 2015

Francis Lalanne: Je suis Charlie

Si je prêche comme les autres
Si j'offense qui m'humilie

La vraie victoire du barbare
C'est de me changer en barbare
Je ne veux pas de ces conflits

Je suis comme l'était Ourrad
Comme lui français et arabe
Et tous ceux qui rejettent cela en oublient
Qu'il en est mort, je suis Charlie

Qui sont ces gens sous leur cagoule
Que veulent-ils faire de nos foules
Je ne crois pas ce qu'on en dit

Je ne crois pas ce qu'on me montre
Dans les médias, ce qu'on raconte
Je suis Francis, Moshé ou Medhi

Je suis Cayat, Charles et Marie
Pas leurs dessins, pas leurs écrits
Mais s'ils doivent mourir parc'qu'un jour je les lis
Alors comme eux, je suis Charlie

Qui est le bourreau, la victime
Et à qui profite le crime
Pas à ceux-là qui l'ont commis

Que font parmi ceux qui défilent
Et tout en tête de la file
Ceux qui dans le cul nous l'ont mis

Comme Honoré j'ai dans la peau
Ma liberté et mon drapeau
Et c'est à cette idée-là que je me rallie
Lorsque j'écris, je suis Charlie

Je ne veux pas que l'on dispose
De ma conscience et qu'on m'impose
Un mot d'ordre, à ça je dis non

Mais quand j'écris à ceux qui tombent
Je suis Charlie, c'est sur ma tombe
Liberté, que j'écris leurs noms

Vivons debout, pas à genoux
Vivons ensemble, heureux chez nous
Et si grâce à ces mots, on se réconcilie
Pour vivre en paix, soyons Charlie
Et si grâce à ces mots, on se réconcilie
Redisons-nous Je suis Charlie (x3)

 

  •  Regardez et écoutez aussi le clip d' ABD AL MALIK "C'est du lourd" (2010) (les paroles) ainsi que le dossier pédagogique en PDF sur le site de TV5.

 

5. La pédagogie de la laïcité et l'enseignement du fait religieux (B2-C1)

Interviews sur la laïcité à l’école réalisées en avril 2015

1. Visionnez la vidéo (2 :25) avec la Ministre de l’Education Nationale, Najat Vallaud-Belkacem, notez les trois idées essentielles et discutez-en. (Vérifiez vos réponses)

2. Visionnez la vidéo (3:43) avec Jean-François Chanet, recteur de l’académie de Besançon.

  • Notez les questions posées au début de l’interview et transcrivez le texte (0 :37).
  • Donnez votre avis sur les questions et discutez-en.
  • Ensuite écoutez les réponses de Jean-François Chanet et reconstituez le contenu à partir des mots-clés (pour vous aider).

3. Lisez les 10 recommandations pédagogiques pour l’enseignement du fait religieux.
 
La pédagogie de la laïcité

France inter, 11 janvier 2015 -  http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=103574

(Réception orale, M. Overmann)

Dans 3D dimanche, la pédagogie de la laïcité que le 1er ministre Manuel Valls souhaite voir renforcée à l'école. Liberté de pensée et de parole, tolérance, respect de l'Autre : c'est un enseignement qui ne cesse jamais, plus que jamais nécessaire.

Avec Stéphane Paoli et Amélie Ricoreux, professeur des écoles en CM2 dans le XIIème arrondissement de Paris

 

Sujets de réception orale. Les tâches précédées d'un astérisque sont à effectuer en tandem ou en groupe. Puis engagez un débat en classe.

A Entretien avec Amélie (professeur des écoles) 0 - 25 minutes

  1. Présentez Amélie Ricorex: qui est-elle, où enseigne-t-elle? Quel est l'âge de ses élèves ?
  2. Puis présentez Nadège : où travaille-t-elle ? Que veut dire "UPEA" ? D'où viennent ses élèves ?
  3. Quel sera le sujet que Stéphane Paoli abordera avec Clémentine ? Que fait-elle professionnellement ?
  4. *Notez tout ce qu'Aurore nous apprend sur le terme de "laïcité".
  5. *La minute de silence imposée aux élèves, a-t-elle été respectée partout ? Quels arguments ont-été avancés contre cet acte républicain ? Débat.
  6. Amélie - Que se passe-t-il à l'école le lendemain de ces événements ? Que pensent les enfants ? Comment aborder le problème en cours ? Comment réagissent les enfants ?
  7. Sur quoi faut-il réfléchir maintenant au sein de l'école ?
  8. Quelle a été la première étape ? Qu'est-ce que les élèves ont fait en art visuel ? Comment vaincre la peur ? Qui nous protège ?
  9. Explicitez la notion du "symbolique" et du "savoir" dans l'éducation des enfants.
  10. Décrivez et commentez le dessin d'un élève de dix ans qu'Amélie a apporté au studio.

 

B Entretien avec Nadège (professeur de collègue) 25 minutes - '42

  1. Avec quels élèves travaille Nadège ? D'où sont-ils originaires ?
  2. Que veut dire UPPEAA ?
  3. Comment a-t-elle abordé le sujet des attentats avec ses élèves ?
  4. Quelle était la réaction de ses élèves face aux caricatures ?
  5. En quoi consiste la difficulté des élèves pour interpréter ces caricatures.
  6. *Comment l'enseignant dans une école laïque doit-il s'emparer de l'enseignement des faits religieux ?  (31') Débat.
  7. Comment ces élèves d'origines diverses vivent-ils et travaillent-ils ensemble ? Quel est leur intérêt pour l'école ?
  8. Pour quelles raisons certains élèves critiquent violemment les attentats ?
  9. Distinguez les termes "islamisme" et "islam".
  10. Résumez le texte que Marie a publié sur un "blog". Débat.

 

C Entretien avec Clémentine (sociologue) '42 - '59

  1. Quel est le rôle des médias ?
  2. Quels sont les différentes dimensions de l'enseignement des faits religieux dans une école laïque ?
  3. Quelle est la fonction de Clémentine ?
  4. Quel est le souci des enseignants ?
  5. Dans quel piège la pédagogie de la laicité ne doit-elle pas tomber ?
  6. D'après vous, quel contenu devrait avoir un cours de faits religieux et de morale laïque ? Débat.
  7. Quels sont les supports pédagogiques ou les approches méthodologiques à mettre en place ?
  8. *Que veut dire "l'identité se contruit d'abord à travers le récit" ? ('49) Débat.
  9. Pourquoi la dimension historique de l'enseignement du fait religieux serait-elle insuffisante ?
  10. Quel est l'engagement des enseignants ?
  11. Quel est l'objectif de l'enseignement aujourd'hui ?
  12. Quels élèves se réfugient souvent dans la religion ?
  13. Expliquez la signification, aussi étymologique du mot "échec".
  14. Qu'est-ce que le Premier ministre, Emmanuel Valls, avait déclaré au sujet des enfants roms ? Quelle est l'expérience de Clémentine ?
  15. En quoi consiste le clivage entre "discours" et "réalité" ?
  16. *Redéfinissez les valeurs "égalité", liberté" et "fraternité" dans le contexte scolaire actuel. Débat.
  17. Pourquoi certains élèves de Nadège sont-ils heureux de pouvoir aller à l'école ? Quel est l'impact sur les autres élèves ?
  18. Pourquoi est-il si difficile de traiter l'information des médias ?
  19. Expliquez la signification, aussi étymologique du mot "abstrait" et "concret"

D Questions des auditeurs et des auditrices 1'00

  1. Relevez quelques questions et discutez-en.

 


Pour aller plus loin:

  • Comment parler de Charlie en classe ? Le café pédagogique.
  • Sur le site de TV5 Monde: Géopolitis
    (C1) Liberté de la presse : le dessin comme arme absolue ? (15:47)
  • Fiche pédagogique (PDF, 19 p.)

Multiculturalisme et interculturalité

France Culture: Le multiculturalisme comme réalité et comme politique - Deuxième partie  (34 minutes)

  • Dominique Schnapper : "La société démocratique est par définition multiculturelle car elle rassemble autour d'un projet politique commun des populations différentes par leur âge, leur sexe, leurs croyances, leurs origines et les identités auxquelles elles se réfèrent. Le problème, c'est comment respecter les identités particulières qui sont un droit de liberté, et assurer l'unité indispensable à une société démocratique."
  • Dominique Schnapper : "La tradition française est une histoire de racines inventées, fantasmées, mais ça fait partie du roman national que d'avoir certains fantasmes.
  • Patrick Savidan : "Des formes de plus en plus électives, exclusives de solidarité se développent, au détriment d'une forme de solidarité publique."
  • Débat: Faut-il vouloir à tout prix préserver un modèle républicain unificateur, alors qu’il est de plus en plus évident que la France est faite de diversités ?
  • 8:15 - " ... il est conforme aux valeurs démocratiques de laisser toutes libertés aux formes d'expressions identitaires aussi longtemps qu'elles ne sont pas contradictoires avec les valeurs communes qui sont celles de la démocratie, c'est-à-dire liberté et égalité de tous les êtres humains ce qui pose un problème avec beaucoup de cultures traditonelles qui font une différence fondamentale dans les droits entre les hommes et les femmes et un autre principe démocratique qui est une forme de séparation des politiques et du religieux..." 

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Interculturalité et multiculturalisme : développer une éthique de l’altérité
Manfred Overmann, 2016

Ipséité et l’altérité
 
Toutes nos sociétés sont marquées par la pluralité et la diversité culturelle qui ne caractérisent pas seulement tout groupe ethnique, mais aussi tout individu par la pluralisation de soi qui est affecté par l’autre. Si l’identité par définition est le caractère de ce qui est un, elle apparaît pourtant comme une notion plurielle à travers le temps qui oppose similitude, unité et permanence au changement, à l’écart et à la dissemblance. (…)

Si dans une perspective linguistique l’ipséité désigne la référence d’un sujet à lui-même, phénoménologiquement elle implique l’individualité proprement humaine et se conçoit toujours par rapport à l’autre faute de quoi elle resterait renfermée sur elle-même de manière immuable au lieu de se projeter dans le temps pour se modifier sans cesse en allant vers l’autre. L’ipséité a besoin de l’altérité pour se constituer en tant que sujet par rapport au non-moi et à autrui en tant qu’objet du moi ou l’autre moi-même. Je ne suis moi que par un constat de différenciation, que parce que je me distingue de l’autre par mon histoire. Ainsi le soi qui est ancré dans l’histoire ne s’appréhende que par l’autre et l’ego dérive de l’alter ego par un processus de  réciprocité qui n’est jamais fini et doit toujours garder une fenêtre ouverte sur autrui. (…)

La notion d’interculturalité et d’acculturation

Selon Christian Puren l’approche interculturelle porte sur les différentes représentations du monde qui sont sujet à des incompréhensions « causées par les représentations préalables de la culture de l’autre » sous forme de stéréotypes et de clichés, et «  les mécompréhensions causées par les interprétations faites sur la base de son propre référentiel culturel » (Puren 2013 :11).

Dans son Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde Cuq (2003) différencie entre les termes « interculturel » et « multiculturel », ce dernier désignant la présence de différentes cultures sans qu’il y ait forcement une interaction entre elles. Contrairement à la simple coexistence des cultures, l’interculturel stipule un échange entre les cultures dont  devraient profiter les deux (ou plusieurs) côtés. 

La notion d’interculturel a d'abord été conçue pendant les années 70 comme conséquence de la situation multiculturelle dans les salles de classes des pays d’immigration comme par exemple la France et l’Allemagne.  L’interculturalisme est donc né à l’école, mais a été ensuite appliqué largement dans d’autres champs disciplinaires. Le concept a également été repris  par les didactiques des langues étrangères, alors que l’approche communicative dans l’enseignement des langues bat son plein. C’est autour des années 1975 que le terme interculturel apparaît dans les premières discussions au sein du Conseil de l’Europe qui essaie d’en définir les principes essentiels. L’interculturalité est en fait devenue une expression que l’on rencontre un peu partout. Et si le concept connaît un véritable « boom », cela n’est pas par hasard : dans un monde de plus en plus globalisé une construction qui aide à gérer cette nouvelle abondance et mixité est indispensable (Cuq 2003 : 136-138). 

Dans le contexte de l’immigration il s’agit de rejeter toute vision ethnocentriste par la décentration de soi et de s’ouvrir vers l’autre dans un processus dynamique d’échanges, le préfixe « inter » indiquant clairement une mise en relation et une prise en considération des interactions entre des individus et des groupes afin de réduire leur distance sociale sans pour autant l’annihiler.

L’acculturation dans une société d’accueil implique la perte partielle de la culture d’origine sous forme d’une déculturation et l’appropriation partielle d’une nouvelle culture. En même temps la société d’accueil se trouve aussi profondément affectée par l’apport de la culture des migrantes et modifie sa perception du monde en fonction des nouveaux schèmes interprétatifs.  Cet échange interculturel s’ouvre enfin sur une troisième voie, la transculturalité qui se définie par son caractère dynamique, hybride et multidimensionnel. L’assimilation par contre, longtemps pratiquée dans les anciennes colonies françaises, est un cas extrême d’acculturation et reliée à la dissolution des groupes ethniques différents et l’absorption de leurs membres par le pays d’accueil et sa culture dominante. Culturellement elle est contraire à une notion plurielle de toute société respectueuse des valeurs de l’autre. Le refus total ou la résistance à s’adapter à une nouvelle culture mène cependant à la contre-acculturation ou au multiculturalisme.

En 1981, les pays membre du Conseil de l’Europe lancent un programme permanent sur l’éducation interculturelle et en 1986  la réflexion interculturelle est élargie à l’enseignement du FLE sous l’impulsion de Louis Porcher. La même année le Conseil de l’Europe décrit la signification de l’interculturel dans le contexte des défis des changements de la manière suivante :

L’emploi du mot ‘interculturel’ implique nécessairement, si on attribue au préfixe ‘inter’ sa pleine signification, interaction, échange, élimination des barrières, réciprocité et véritable solidarité. Si, au terme ‘culture’ on reconnaît toute sa valeur, cela implique reconnaissance des valeurs, des modes de vie et des représentations symboliques auxquels les êtres humains, tant les individus que les sociétés, se réfèrent dans les relations avec les autres et dans la conception du monde. (Carlo 1998 : 41)

Lorsque nous basons l’interculturalité sur l’idée de l’échange et du respect de l’autre, il s’agit de développer et d’adopter des perspectives variées, de s’entraîner à la réflexion critique, de développer une attitude d’empathie et de modérer l’ethnocentrisme, c’est-à-dire la tendance à juger d’autres cultures seulement à travers notre propre regard qui privilégie dés fois l’idée d’une culture dominante par rapport à une culture dominée au lieu de favoriser le concept de l’égalité des cultures. (…)


L’enseignement des langues et cultures et la démarche interculturel

Dans l’enseignement des langues il y a toujours une dimension culturelle sans laquelle l’approche plurilingue serait incomplète. Si les structuralistes mettaient en exergue la compétence linguistique, les fonctionnalistes privilégiaient la compétence de communication, c’est-à-dire l’emploi de la langue. Cependant l’acquisition langagière, aussi en milieu naturelle, est indissociable de la construction d’une compétence culturelle à travers les situations de communication. Le signe de Saussure reliant une image acoustique et un concept mental, le dernier est bien le résultat de la vie dans une communauté linguistique – et culturelle.

L’enseignement des langues vivantes devient obligatoirement un enseignement-apprentissage des langues et cultures qui sont les deux facettes d’une même médaille. Toutes les langues sont porteuses de schèmes culturels différents. Cependant nous préférerons parler de langues et cultures « autres » plutôt que de langues et cultures « étrangères », terme trop réducteur et connoté souvent négativement. Si avant l’approche communicative l’enseignement des langues se focalisait trop souvent sur l’aspect purement langagier, il y a eu une reprise de conscience du fait que la langue véhicule toujours des notions culturelles. Dans l’enseignement des langues il s’agit d’identifier les notions culturelles afin de prévenir et de réguler les malentendus qui naissaient du décalage de schèmes interprétatifs, voire de préjugés ou de stéréotypes (Blanchet 2005 : 6).

Plus que les approches traditionnelles en cours de langue, la démarche interculturelle implique que les cours sont plus centrés sur le développement des personnalités des apprenants dans la construction du « soi » en rapport avec autrui en mettant en relief les similitudes et les différences entre les différentes cultures. La prise de conscience de soi ainsi que la remise en question sont le résultat des regards qui se croisent et poussent l’apprenant à se poser des questions sur son identité ainsi que sur les intentions de l’autre (Séoud 1997 : 148 ; Christ 2000 : 20). (…)

Une politique intégrationniste au pluriel

Ne serait-il pas temps alors de s'engager sur une troisième voie qui rejette à la fois l'acculturation totale, c'est-à-dire l'assimilation, et le multiculturalisme qui rejette l'interpénétration des cultures pour construire un métissage culturel sous forme d'une transculturalité qui modifie le rapport à soi par le contact avec autrui dans un respect réciproque ? La culture est toujours en acte, elle n'est pas statique, mais dynamique et hétérogène ; c’est un principe d’action et non une théorie abstraite. Se modifier, se métamorphoser en permanence par le contact avec autrui sans perdre ses racines, se regarder dans le miroir, et ensuite ouvrir la fenêtre pour accueillir  l'autre. La perfectibilité et l'idée de l'universel doivent faire place à une perspective multidimensionnelle de la diversité qui évolue dans plusieurs sens et ne cherche pas de vérité absolue. Prendre et donner dans un échange réciproque, construire et déconstruire, voilà le sort de l'humain. (…)

Bibliographie

Abdallah-Pretceille, Martine (2003) : Former et éduquer en contexte hétérogène : pour un humanisme du divers. Paris: Anthropos.
-    (1996) : « Compétence culturelle, compétence interculturelle ». Dans : Le Français dans le monde, Numéro Spécial Cultures, Culture 1 :29-38.
Ammon, Günther (2005). « La compétence interculturelle : un concept et son champ d’application ». Dans: Baasner, Frank (ed.) : Gérer la diversité culturelle. Frankfurt a.M. : Lang. 157-166
Beacco, Jean-Claude/ Byram, Michael (éds.) (2010) : Guide pour le développement et la mise
en œuvre de curriculums pour une éducation plurilingue et interculturelle. Conseil de l’Europe, Genève, Suisse.
Cuq, Jean-Pierre (2003) : Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde. Paris: Clé International.
Dervin, F. (2008) : Métamorphoses identitaires en situation de mobilité. Turku : Presses Universitaires.
Ibnelkaïd, Samira (2012) : « Développement de la compétence interculturelle par l'autonomie et l'interaction ». Dans : Synergies France. 103-112. [http://gerflint.fr/Base/France9/ibnelkaid.pdf]
Séoud, Amor (1997) : Pour une didactique de la littérature. Paris : Hatier/Didier. Chapitre 7 : « Pour une démarche interculturelle ».
Puren, Christian  (2013) : Parcours de formation, d'intégration et d'insertion : La place de la compétence culturelle. In : « Préambule » du Hors-série de la revue Savoirs et Formations n° 3, Montreuil : Fédération AEFTI, p.6-15.
 

Textes en ligne:

En quête de sens - Les assises de l'interculturalité (29:00) - Juin 2012 (Belgique)

Emission de La Pensée et les Hommes. Jacques Lemaire reçoit Daniel Bacquelaine et Nadia Geerts.

 

"Dans la déclaration du Gouvernement fédéral de mars 2008 reprise par le Gouvernement fédéral actuel, le lancement des “Assises de l’Interculturalité” a été prévu à la demande de la ministre de l’Emploi et de l’Egalité des chances. Le gouvernement a voulu, en effet, promouvoir une société interculturelle ouverte, riche, forte, citoyenne et respectueuse des différences et de la pluralité des religions et mouvements philosophiques.
Le gouvernement a préféré à la notion de multiculturalité celle d’interculturalité car elle évoque le lien, le dialogue, l’insertion, le projet collectif qui allie unité et diversité, communautés et société.
La Belgique doit devenir un pays pionnier en matière d’interculturalité car son existence même se fonde sur le brassage de cultures et de langues différentes. Elle doit faire le pari de la réussite à la fois d’une nouvelle forme de pluralisme : le pluralisme culturel et d’une nouvelle citoyenneté : la citoyenneté à la fois de la diversité et des valeurs communes." (http://www.belgium.be/fr/binaries/publ_assises_interculturalite_2009_tcm116-43689.pdf)
 
 
L'interculturalité en question (26:54) 
Kalamba Nsapo parle du thème sensible qu'est l'interculturalité. 11.06.2012
 

 



 

Pour vous aider (1)

Parfois on entend dire que l’enseignement des faits religieux n’est pas compatible avec la laïcité, or l’enseignement des faits religieux est quelque chose qui entre dans les programmes.  Est-ce que la laïcité et l’enseignement des faits religieux depuis le cours préparatoire jusqu’au baccalauréat est compatible avec la laïcité ? Est-ce qu’il n’y a pas un risque d’enseignement de la religion ? Et quelle est la différence entre l’enseignement des faits religieux et enseignement de la religion ?

 

Pour vous aider (2)

  • nécessaire sur le plan culturel, société sécularisé, éléments fondamentaux de la religion, être privé, coupé du substrat religieux, question de la compréhension du passé, pour comprendre qui nous sommes et d’où nous venons...
  • Nécessaire comme une sorte de culture historique, d’histoire des religions et de la politique des siècles passés, de l’art et de l’architecture, des sciences...

  • Nécessaire pour répondre à un besoin d’ordre spirituel. Les fondateurs de la laïcité républicaine, tel Ferdinand Buisson, n’étaient pas des négateurs du spirituel, il ne s’agissait pas d’enseigner l’athéisme ou de mener une guerre contre la religion. La laïcité doit permettre la liberté de conscience, c’est-à-dire aussi la liberté de croire et présenter aussi les différents types de croyances pour que les élèves acquissent/ acquiescent des notions fondamentales  C’est un point d’appui pour eux afin de savoir ce qu’ils veulent par la suite. Construire une conscience signifie qu’on est libre de croire ou de ne pas croire, mais pas à partir de rien. 

  • Parfois on entend dire que l’enseignement des faits religieux n’est pas compatible avec la laïcité, or l’enseignement des faits religieux est quelque chose qui entre dans les programmes.  Est-ce que la laïcité et l’enseignement des faits religieux depuis le cours préparatoire jusqu’au baccalauréat est compatible avec la laïcité ? Est-ce qu’il n’y a pas un risque d’enseignement de la religion ? Et quelle est la différence entre l’enseignement des faits religieux et enseignement de la religion ?

 

Mise à jour le Lundi, 01 Février 2016 15:57