La naissance du cinéma est reliée au progrès en photographie, apparue dans les années 1820. A la fin du 19ème siècle, plus précisément en 1895, l’invention du Cinématographe par les deux frères français  Auguste et Louis Lumière marque le point de départ du cinéma, terme venant du grec « Kinéma » qui signifie « mouvement », et « Graphein » qui veut dire « écrire ». Ecrire des mouvements, c’est faire succéder rapidement des images qui en sont la base. Lorsque notre oeil est soumis à 12 images par seconde, le cerveau crée l’illusion du mouvement par le principe de la persistance rétinienne qui mémorise une image plus longtemps que ce qu’elle ne la voit. A l’heure actuelle le cinéma utilise 25 images par seconde pour assurer une meilleure qualité d’image.
La première projection de film, publique et payante, a lieu au Salon Indien du Grand Café à Paris le 28 décembre 1895. Le billet d’entrée coûte un franc ce qui correspond environ à 3,50 euros de nos jours. Le contenu du premier film intitulé «  Sortie des usines » n’est guère spectaculaire, mais connaît un plein succès parce qu’il montre pour la première fois des images en mouvement, plus particulièrement des ouvriers et des employés qui sortent de l’usine de fabrication de matériel photo dont les frères Lumière sont les propriétaires. On projette 10 films, la durée de chacun étant limitée à une minute environ. 
Les prochains jours se présentent des centaines de spectateurs qui se bousculent pour voir les projections à partir de 10 heures du matin. Les salles sont combles, les queues interminables, tout Paris est pressé d’assister aux premières « séances » de cinéma, bien qu’il n’y ait que des saynètes de la vie de tous les jours à voir.
Le premier succès enflamme l’esprit des frères Lumière qui décident de former des opérateurs afin de présenter le Cinématographe dans les capitales du monde entier, et tout d’abord aux États-Unis. Malheureusement on ignorait le succès qu’avait rencontré Thomas Edison avec son « Vitascope », appareil similaire au Cinématographe, dès le mois d’avril 1896 lors d’une projection publique à New York. Ce n’est pas seulement que l’appareil des frères Lumière ne connaîtra ni admiration, ni reconnaissance, mais au contraire, la police les accusera de contrefaçon. Les Cinématographes sont confisqués et les opérateurs doivent s’enfuir rapidement avant que la police ne les arrête.
Pas moins qu’un an après ces mésaventures apparaît la première crise du cinéma à Paris. Le 4 mai 1897 la haute bourgeoisie de Paris organise une vente de charité, mais pendant la projection d’un film le Cinématographe prend feu et les flammes se propagent rapidement dans la salle. Les spectateurs pris de panique se précipitent vers la sortie trop étroite. 121 spectateurs sur 1200, essentiellement des femmes, ne peuvent échapper à l’inferno et dès lors le cinéma est considéré comme dangereux. La haute société lui tourne le dos et dorénavant les films sont projetés dans les foires parmi les diseuses de bonnes aventures, les briseurs de chaînes… Le cinéma n’attire plus les élites, mais devient une attraction populaire, le public se composant de femme, d’enfants, de vieillards et d’ouvriers. Déçus, les frères Lumière arrêtent la production de films (1905) et retournent à leur photographie.
Dans les années 1907, 1908 et 1909 trois événements majeurs marquent un tournant dans l'histoire du cinéma:

1. En 1907 Charles Pathé est le principal producteur et distributeur de films. En France il possède 3/4 et en Amérique 1/4 du marché. Son idée de génie est de ne plus vendre les films, mais de les louer. Par cette nouvelle stratégie de distribution il oblige le cinéma nomade à se sédentariser puisque les films seront projetés à nouveau das des salles prévues à cet effet.
2. En 1908 la société de films des frères Laffite réalise "L'Assassinat du duc de Guise" (le chef de fil du clan catholique pendant le massacre de la Saint-Barhélemy (1572); il s'illustre par le combat contre les protestants et sera assassiné sur l'ordre d'Henri III en 1588), film historique pour un public exigeant qui attirera à nouveau la haute bourgeoisie. Le film ressemble cependant plus à une pièce de théâtre filmée qu'à un film de cinéma.
3. En 1909 Pathé crée le "Pathé journal" qui devient une précieuse source d'information en renseignant le public sur les actualités nationales et internationales.

Ainsi le cinéma nomade est rattaché à un espace fixe dans les salles de représentation, et il vise à la fois un public populaire et bourgeois qui s'accroît de plus en plus rapidement.

Activités autour du texte

1. Expliquez l'origine étymologique du terme « Cinématographe » 
2. Qui en sont les inventeurs ?
   
3. Qu'est-ce qui crée l'illusion du mouvement ? 
4. Elucidez le rapport entre l'évolution de la photographie et la naissance du cinéma.  
5. Où a lieu la première projection de film ?
   
6. Combien coûte le billet d'entrée ?
   
7. Qu'est-ce que l'on représente ?
   
8. Quel est l'impacte de la première projection sur le comportement des spectateurs ?  
9. Qu'est-ce qu'une « saynette » ? 
   
10. Qu'est-ce que les frères Lumière entrepennent après leur premier succès ? 
11. Qui est Thomas Edison ?
    
12. Qu'est-ce qu'un « opérateur » ?
    
13. Décrivez pourquoi les opérateurs doivent s'enfuir des États- Unis ? 
    
14. Racontez ce qui a déclenché la première crise du cinéma. 
    
15. Quels changements cette tragédie entraine-t-elle ? 
    
16. Qui est Charles Pathé ?
    
17. Quelle est son idée de génie ?
    
18. Qu'est-ce qui caractérise la société de films des frères Laffite en 1908 ?
    
19. Qu'est-ce que l'on entend par le "Pathé journal" ? 
    

L’arroseur arrosé est la première comédie de l’histoire du cinéma, d’après une illustration du caricaturiste français Hermann Vogel qui expose une page humoristique. Il s'agit des premières « vues » photographiques animées qui ne durent que 27 secondes et ont suivi un scénario préétabli. Le gag est assez mince, mais a fait rire aux éclats les spectateurs lors de la première représentation le 28 décembre 1895.

La scène a été tournée dans le jardin de la propriété de la famille Lumière à La Ciotat, « Les Terres rousses », qui existait encore en 1960. L’arroseur arrosé est le jardinier des Lumière, et le chenapan est dans la première version un jeune électricien de La Ciotat travaillant sur la propriété des Lumière, dans la seconde le fils d’un ouvrier de leur usine.
L’expression « arroseur arrosé » est entrée dans le langage courant et désigne celui qui commet une farce qui se retourne contre lui.
En fait, aucun des deux films n’a porté le célèbre titre. La première version est intitulée Le Jardinier et le Petit Espiègle et la seconde version Arroseur et Arrosé, celle-ci étant la seule à être inscrite dans le catalogue Lumière, mais c’est bien sous le titre L’Arroseur arrosé que cette œuvre est retenue par l’histoire du cinéma.