Les langues parlées au Maghreb

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Les langues parlées au Maghreb

1. L'arabe et le berbère

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La langue nationale et officielle du Maghreb, c'est-à-dire la langue administrative, des médias et de l'école est l'arabe - moderne standard par opposition à l'arabe classique ancien du Coran. Si toutefois au Maroc et en Tunisie la langue du Coran, c'est-à-dire l'arabe classique figure dans la Constitution, la réalité n'en tient guère compte dans la communication de tous les jours. Les seuls à connaître l'arabe classique sont les individus très instruits qui  utilisent cette langue de prestige qui n'est pas la langue du peuple.

Malgré une majorité arabophone dans la population maghrébine et les efforts d'arabisation depuis les indépendances dans les années 1960, il convient toutefois de mettre en relief la permanence de l’élément berbère. Les Berberes ou Imazighen (singulier Amazigh : homme libre) sont les habitants d'Afrique du Nord. La langue  traditionnelle du Maghreb avant l'arrivée des Arabes il y a quelque treize siècles était le berbère. Jusqu’à l’heure actuelle ils subsistent d’importants groupes de berbérophones qui défendent leurs langues et cultures contre l’assimilation arabe. L’influence berbère diminue d'ouest en est. Aujourd'hui le Maroc est le principal état berbérophone au sein des pays du Maghreb avec 40 % de locuteurs qui cependant parlent des dialectes forts différents. Depuis le 1er juillet 2011, « l’amazighe » constitue une langue officielle de l’État. L'Algérie compte environ 30 % de berbérophones, la Mauritanie 20%, la Libye 10% et la Tunisie 3/%, soit environ 14 millions de berbérophones pour 48 millions d'arabophones.

Le berbère est parlé surtout dans l'intérieur des pays et notamment dans les montagnes de l'Atlas. Les communautés arabophones et berbérophones parlent diverses variétés dialectales. Les berbérophones qui ont toujours été réfractaires à l'arabisation et se sont opposés à la généralisation de l'utilisation de la langue arabe comptent près de 20 millions de locuteurs dans une dizaine de pays.

Dans une perspective historique il convient également de constater que deux dynasties berbères, les Almoravides (1061-1147) puis les Almohades (1147-1269), ont réalisé une première unification du Maghreb préfigurant l’Union du Maghreb arabe (UMA) de 1989. Cette unification bien éphémère occupe cependant une place importante dans l'imaginaire maghrébin.
 

 

berberes.gif

Source: ALGERIA INTERFACE. «La peur des maquis» dans Courrier international,
Sainte-Geneviève (France), no 549, semaine du 10 au 16 mai 2001, p. 46.
 

Travail autour du texte
  • Commentez la carte des groupes berbérophones.
  • Exposé orale : Exposez brièvement les éléments berbérophones dans les pays du Maghreb.
  • En binômes : Remplissez la grille ci-dessous


Le nombre des Berbères au Maghreb

Maroc Algérie Mauritanie Libye Tunisie
         


Micro-tâches

  1. Elucidez la différence entre l’arabe « classique » et l’arabe « moderne ». Quel rôle ces deux langues jouent-ils à l’heure actuelle ?
  2. Quel est le nombre total des berbérophones et des arabophones vivant au Maghreb ?
  3. Quand est-ce que la conquête arabe a commencé ?
  4. Quelles en étaient les conséquences ?
  5. Quelles étaient les deux premières dynasties berbères ?
  6. Quel rôle ont-ils joué pour les pays du Maghreb ?
  7. Recherche internet: A quelle dynastie le Roi Mohammed VI du Maroc remonte-t-il ?

 


2. Le statut de la langue française


Le statut de la langue française qui était la langue officielle pendant la période de la colonisation et du protectorat reste bien ambivalent à l'heure actuelle.  C'est notamment la politique d'arabisation à partir des années 1980/90 qui a rejeté la langue de l'ancien colonisateur. L'élite francophone maghrébine qui prend la défense de la langue française est considérée par certains intellectuels arabophones c
omme  un « parti secret de la France ». D'autres accusent les nationalises arabes d'instrumentaliser l'arabisation au profit de la ré-islamisation de la société.
Selon l'Obersvatoire de la langue française de l'OIF, en 2010 le pourcentage des apprenants du et en français (langue étrangère et langue seconde) de l'Arique du Nord et du Moyen-Orient s'élève à 22,6% [http://www.francophonie.org/IMG/pdf/Synthese-Langue-Francaise-2010.pdf, p. 11].
 
Au Maroc et en Tunisie, où le français n’est pas langue officielle,  le français reconquiert cependant peu à peu un rôle de plus en plus important comme langue d’accès à l’Europe. Bien que toutes les matières de l'enseignement secondaire soient arabisées, le français reste une langue seconde enracinée au sein des lycées marocains. Par rapport à la population totale le taux de francophones au Maroc s’élève à 13,5 % de la population soit 4 144 5000 personnes sur 30 700 000 en 2005 et en Tunisie le chiffre atteint même 63,6%, soit 6 360 000 personnes sur une population de 10 millions. Cependant,  le développement de ce contexte favorable à l’enseignement du français ne devra pas se faire au détriment de celui de l’arabe  mais, a contrario, dans une perspective didactique convergente.

L’Algérie est l’un des pays qui compte le plus de francophones et où le français reste une langue privilégiée pour l’acquisition et la transmission des savoirs. Ainsi l’enseignement supérieur se fait entièrement en français dans le domaine de la médecine et dans les écoles d’ingénieurs. Bien que le monde universitaire fasse déjà partie de l’Agence Universitaire de la Francophonie et essaie de pousser le gouvernement à adhérer à l’OIF, le gouvernement algérien refuse toujours d’adhérer à la Francophonie officielle comme pour rappeler l’héritage ambigu de la colonisation et la déchirure profonde causée par un conflit meurtrier. Dans l'enseignement primaire et secondaire la seule langue d'enseignement est l'arabe, le français ayant même été interdit dans les établissements scolaires privés. Si le français n'a aucun statut officiel dans les pays du Maghreb, il reste toutefois une langue privilégiée en tant que première langue étrangère ou langue seconde.
 

Cf. Valentin, Christian (éd.) (2007) : La Francophonie dans le monde 2006-2007, Rapport de l’OIF, Paris : Nathan, 328 p. Cf. aussi la « Synthèse pour la Presse en ligne : [20mars.francophonie.org/IMG/pdf/rapport_hcf_2007.pdf] ainsi que le Rapport de 2010 [http://www.francophonie.org/IMG/pdf/Synthese-Langue-Francaise-2010.pdf].

Autour du texte

  1. Quel est le statut officiel de la langue française et arabe dans les pays du Maghreb ?
  2. Relevez et commentez les chiffres mentionnés dans le texte qui illustrent la place de la langue française au Maroc, en Tunisie et en Algérie.
  3. Qu’entendez-vous par la « politique d’arabisation » ?
  4. Montrez « l’ambivalence » du statut de la langue française au Maghreb.

 

Mise à jour le Lundi, 08 Avril 2013 11:13