L'Afrique subsaharienne - Introduction: Géographie, histoire et la situation des enfants

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Manfred Overmann
Afrique : Introduction  (
Niveau B2-C1)

Arte, Le Dessous des Cartes, Présentation de l'Afrique subsaharienne, 12:01

Table des matières de l'introduction

1.    Afrique - introduction : Géographie
2.    Histoire
3.    Le paradoxe africain

4.   La situation des enfants:
6.    La corruption: Entretien avec le Sénégalais Moussa Sène Absa, réalisateur de films

 ONUAfriqueRenouveau23,3,2009.gif

Avec l’autorisation  de l’ONU de reproduire la photo ci-dessus tiré de la revue « Afrique Renouveau », Vol. 23, No. 3. Octobre 2009, Source  [http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol23no3/ar-23no3-fr.pdf]

6.  Bernard Magnier: 1990-2015: 25 ans, 25 textes de l'Afrique francophone au sud du Saharah et de l'océan Indien

    

 

1.  Afrique - introduction : Géographie (Cf. aussi les cartes de base du continent sur Arte)

L’Afrique, le berceau de l’Homo sapiens[1], est un méga-continent avec une superficie de 30 0665 000 km2 qui équivaut à 20% de la surface des terres émergées. L’Afrique n’est pas un bloc unique ou un continent homogène et uniforme, ce qui explique que certains auteurs préfèrent parler « des Afriques » pour désigner les différents ensembles politico-historiques ou ethnico-culturels du continent.

Actuellement l’Afrique regroupe 52 pays et territoires, le Soudan du Sud étant le dernier état qui a émergé de la guerre civile et qui s’est détaché du régime autoritaire de Khartoum par référendum en 2011. Malheureusement le dernier né sera aussi le pays le plus pauvre de la planète malgré ses grosses réserves pétrolières.  90% de la population vit avec moins de 1 dollar par jour, un enfant sur dix meurt avant 5 ans, l’analphabétisme est la règle et la mortalité maternelle est la plus élevée au monde.  

Afrique.jpg

 

On distingue l’Afrique du Nord ou l’Afrique blanche, majoritairement peuplée  de Berbères et d’Arabes qui  pour la plupart du temps sont musulmans, et l’Afrique subsaharienne ou l’Afrique noire, située sous le désert du Sahara et majoritairement peuplée de noirs. Cette seconde partie du continent peut être divisée à nouveau en Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, principalement francophone, et l’Afrique de l’Est ou orientale et l’Afrique du Sud ou australe principalement anglophone avec des enclaves lusophones comme l’Angola ou le Mozambique. 

Afrique9.gif

 La bande de territoires marquant la transition entre le domaine saharien au Nord et les savanes au Sud s’appelle le sahel et vient de l’arabe ساحل qui signifie côte ou frontière. Cette zone directement au Sud du Sahara s’étend de l’Atlantique à l’Ouest jusqu’à la mer Rouge à l’Est.

 

Sub_Saharan_Africa.pngSahel_Map_Africa_rough.png

Au niveau de la population, l’Afrique est le deuxième continent le plus peuplé après l’Asie avec environ 1 milliard d’habitants en 2011 et une forte croissance démographique due à un taux de natalité brut environ 4 fois supérieur à l’Europe (38/11 pour 1 000 habitants). 

Sujets d’étude :

  1. Quelle est la superficie de votre pays d’origine et de la France par rapport au continent africain ?
  2. Quels arguments peut-on avancer pour parler plutôt « des Afriques » que de parler « de l’Afrique ?
  3. Cherchez un synonyme dans le texte pour désigner l’ »Afrique blanche » et l’ »Afrique noire ».
  4. Par quel phénomène naturel ces deux parties de l’Afrique sont-elles spéparées ?
  5. Cherchez un synonyme pour l’ »Afrique australe » et l’ »Afrique orientale ».
  6. Que signifie le mot sahel ?
  7. Quel est le taux de natalité en France / dans votre pays d’origine ?

 

Commentaire / discussion :

  • Commentez l’énoncé « L’Afrique est le berceau de l’Homo sapiens. Partagez-vous cette thèse ?
  • Selon votre avis, quels sont les problèmes résultant de l’explosion démographique en Afrique ? Dressez une liste avec des affirmations/thèses dont vous discuterez en plenum. En même temps il s’agira de réfléchir sur des mesures à entreprendre pour remédier à ces problèmes.

Micro-tâches :

  • Essayez de déterminer quels sont les pays de l’Afrique de l’Ouest qui ne sont pas francophones. Quels pays font partie de l’Afrique centrale ? ·         Recherchez des pays lusophones en Afrique.

Macro-tâche :

  • Faites une petite recherche sur le dernier né des états africain « le Soudan du Sud » et exposez quelques détails de votre choix en plenum (situation géographique, régime politique et économique, colonisation, décolonisation, guerre civile, la situation des enfants et des jeunes).


 

2.  Histoire

« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur. » Proverbe africain L’Afrique du Nord a d’abord été sous l’emprise des Phéniciens qui ont fondé la ville de Carthage vers 1 200 avant J.-C. près du site actuel de Tunis,  puis des Romains qui y ont installé leur pouvoir pendant 5 siècles à partir de la chute de Carthage en 146 avant J.-C. jusqu’au déclin de l’Empire romain et la chute de Rome en 476. Après la mort du prophète Mahomet en 632 la conquête arabo-musulmane s’étendra jusqu’au Maghreb, aux côtes espagnoles et à Poitiers où l’invasion des musulmans sera freinée par les troupes francs de Charles Martel lors de la bataille de Poitiers en 732. L’évolution de l’Afrique noire est beaucoup moins connue avec le développement d’empires comme celui du Ghana, du Mali ou encore l’empire Zoulou en Afrique du Sud, et les royaumes des Grands Lacs, d’Abyssinie, le royaume du Kongo, du Bénin, de Madagascar et bien d’autres. Le déclin de la période arabo-musulman et arabo-berbère en Afrique du Nord ainsi que l’exploitation, puis l’occupation des territoires subsahariennes par des puissances étrangères commence à la fin du moyen-âge avec la pénétration des Européens et les traites esclavagistes qui ravageront l’Afrique pendant presque quatre siècles  jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1848 par Victor Schœlcher. Ensuite l’Afrique sera l’objet de la colonisation par les puissances européennes (Espagne, Portugal, Pays-Bas, Angleterre, France) qui se partageront le continent au cordeau par le formatage colonial lors du congrès de Berlin en 1885. L’Afrique étant considérée comme une terre sans maître (terra nullius) due à l’idéologie impérialiste d’une race blanche, supérieure, qui voulait civiliser et christianiser les races inférieures comme le prétendait le républicain français Jules Ferry lors de son discours à l’Assemblée le 28 juillet 1885, tout le continent sera envahi, assujetti, mutilé et morcelé arbitrairement sans qu’on tienne compte des coutumes, des traditions ou des croyances des ethnies qui y vivaient depuis des siècles. Malgré la décolonisation qui se fera progressivement de 1936 à 1977, la plupart des pays africains, officiellement indépendants, mais vivant sous la tutelle néocoloniale des multinationales et des réseaux secrets de l’Occident, n’ont jamais accédé à l’autonomie et la démocratie. Ils continuent à être gouvernés par des autocrates et des clans de famille possédés par l’idée du pouvoir qu’ils ne veulent pas partager avec le peuple par des élections libres et non truquées.

Afrique_Independances_carte.jpg

Source : La Documentation française  [http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/afrique-subsaharienne-decolonisation-mondialisation/img/afrique-frontiere.jpg]

 

  • Remplissez le tableau en respectant l’ordre chronologique des événements historiques :Phéniciens ; Charles Martel ; Chute de Carthage 200 avant J.-C. ; Mahomet ; Bataille de Poitiers 732     

 

 

Fondation de Carthage 1 200 avant J.-C.

Romains

 

 

Conquête arabo-musulmane

 

 

Sujets d’étude :

  • Quelles sont les nations qui envahiront l’Afrique à partir de la fin du moyen-âge ?
  • Combien de temps dura la traite esclavagiste ?

Commentaire / discussion :

  • Explicitez le proverbe africain « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur. »

  • Pourquoi la décolonisation n’a pas amené la liberté et la démocratie dans les pays africains.
  • Pourquoi, à votre avis, l’évolution de l’Afrique subsaharienne est beaucoup moins connue que le développement des pays de l’Afrique du Nord. Formulez des hypothèses.
  • Que fut décidé à la conférence de Berlin ?

Micro-tâche :

 

  •  Faites une petite recherche sur la biographie de Victor Schœlcher et présentez ce personnage célèbre.

3. Le paradoxe africain[2]
 
L’Afrique est un paradoxe : c’est un continent riche peuplé d’une majorité de pauvres. Le continent est doté de toutes les ressources qui normalement font la richesse d’un pays et le bonheur de ses habitants : or, diamant, gaz, pétrole, charbon, platine, chrome, fer, cuivre, nickel, uranium, étain, cobalt, plomb, zinc, etc.  Cependant tous ces trésors sont convoités par les pays industrialisés et émergeants  qui se ruent sur les matières premières dont l’Afrique déborde pour satisfaire les besoins de l’industrie d’une société d’aisance et de consommation et le pactole ne profite guère à l’amélioration du niveau de vie de la population autochtone.  
 
Afrique_richesses_sol.jpg
 
[Source : http://www.cartografareilpresente.org/IMG/jpg/afriqueutile.jpg]
 
Malgré ses richesses abondantes l’Afrique est en même temps le plus pauvre des cinq continents (mis à part l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud) qui souffre d’une anémie chronique et sordide parce que la plupart des pays du continent sont exploités, voire pillés par les grandes multinationales des puissances étrangères. Les dirigeants dont certains battent des records de longévité au pouvoir par le concours de l’armée sont généralement des dictateurs qui profitent de cette alliance voilée.
 
C’est par des fraudes électorales que ces pays se maquillent d’une démocratie de façade tandis que les patriarches sans scrupules de droit quasi divin s’enrichissent personnellement aux dépens de l’appauvrissement et de la dégradation du peuple qui est martyrisé par les généraux et tenu à l’écart de l’ascension social par le manque d’accès aux études et aux savoirs, et par ce fait aux positions charnières de l’économie et de la politique du pays. Cette corruption des régimes en place où les clans de famille s’approprient toute la fortune du pays mine les fondements de l’Etat et a pour corollaire la désagrégation du tissu social qui empêche la liberté de germer pour faire éclore une économie équitable et durable.
 
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Source: La Documentation française [http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/afrique-subsaharienne-decolonisation-mondialisation/cartes.shtml]
 
Malgré la tentation de démocratisation de certains États dans les années 1990 après la chute du Mur de Berlin et la fin de la guerre froide la plupart des pays sont revenus au point de départ de leur népotisme avec la bienveillance de l’Occident qui cependant n’ose plus affirmer la prééminence de sa civilisation.
 
C’est à la fin de l’année 2010 et au début de l’année 2011 que le vent de liberté s’est levé à nouveau pour faire bouger les plaques tectoniques, attisé par une jeunesse exaspérée par le manque de liberté et l’omniprésence du chômage qui laisse exploser sa colère en Tunisie, puis en Égypte pour atteindre l’Algérie, la Lybie, … La chute des despotes Ben Ali[3] et Moubarak embrase l’espoir démocratique de toute une région et fait apparaître des lumières à l’horizon qui illuminent les réseaux cachés d’un pouvoir dépravé. Cependant la France et bien d’autres pays du monde qui à l’heure actuelle encouragent à la révolte et acclament les mouvements contestataires ont ménagé encore hier ces mêmes dictateurs mégalomanes qui souffrent d’une hypertrophie de leur ego[4].
 
Ne soyons pas aveugle et rappelons que Khomeyni, le fondateur de la théocratie iranienne, fut accueilli par Giscard, que l’Irak fut le plus cher allié de la France et que Mitterrand flattait un Kadhafi terroriste, archétype du despote qui parlait de « son ami Chirac »  avant de venir en 2008 planter sa tente devant l’Elysée sur invitation de Nicolas Sarkozy. La Françafrique, c’est 50 ans d’interventions militaires françaises en Afrique[5] tout en orchestrant urbi et orbi le message universel des droits de l’homme. Les coups d’Etat organisés en Afrique par les services secrets d'anciennes puissances coloniales pour maintenir au pouvoir des dictateurs servant l’intérêt national sont responsables, au moins en partie, de la longévité des patriarches au pouvoir.
 
Et personne au monde n’aurait été au courant de la torture d’opposants dans les sous-sols des palais pendant que les présidents signaient de juteux contrats pour faire prospérer leur propre économie ? Quelle maigre offrande notre vice fait-il maintenant à la vertu ? Ce ne sont pas les Occidentaux qui ont contribué à l’éviction des tyrans et ce ne sont pas eux non plus qui ont diffusé le ferment libertaire dans le Moyen-Orient et les pays du soleil levant ! Et ceux qui demandent une intervention armée de l’Occident, le font-ils pour protéger les vies humaines et pour défendre la liberté ou pour terminer une crise qui fait flamber les cours du pétrole ?
 
Dans l’éditorial du magazine « Le Point » du 3 mars 2011 Claude Imbert soulève la question si le « printemps arabe » n’aura pas pour conséquence l’» automne européen «, vu notamment la croissance anémique d’une France dont la balance commerciale est en berne et ou la semaine des 35 heures a conduit à la paupérisation de l’Etat pendant les trente années piteuses (1981-2011). Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l’Éducation nationale et ministre de la Défense sous la présidence de François Mitterrand, dresse le même bilan sinistre de la nation dans son livre La France est-elle finie ?[6] en se demandant si la France va « devenir un simple parc d’attractions, à l’extrémité occidentale d’une Europe elle-même marginalisée ? »
 

« La réalité, la voici : la France tolère à deux heures d’avion une bien douce dictature dont le président a été élu en 1989 et 1994 par plus de 99% des suffrages… Même ensoleillé, le régime tunisien n’a rien à envier, sur le plan du culte de la personnalité, à ceux de l’Irakien Saddam Hussein ou le Serbe Slobodan Milosevic : libertés émasculées, dérives mafieuses de l’entourage du chef de l’Etat, érosion du débat politique, décrépitude de la société civile. La Tunisie est devenue un pays totalitaire…. Quelques pseudo-partis d’opposition jouent les utilités ; enfin le culte du général Ben Ali atteint des niveaux surréalistes… Les journalistes, quant à eux, ont été totalement mis au pas. Soporifique, émasculée, la presse n’est là que pour encenser le président et son gouvernement.

Beau, Nicolas/ Tuquoi, Jean-Pierre (2002/2011) : Notre ami Ben Ali : L’envers du miracle tunisien.  Paris : La Découverte /Poche, p. 15-16.

Sujets d’étude :

  • En quoi consiste le paradoxe africain. 
  • Pourquoi le continent africain est-il tant convoité par les pays industrialisés ? 
  • Quels problèmes le peuple doit-il affronter ? Enumérez quelques exemples. 
  • Décrivez la situation politique telle qu’elle se présente au début de l’année 2011 en Afrique du Nord.

Commentaire / discussion :

  • Comment expliquez-vous la « longévité » des dictateurs africains au pouvoir. 
  • Analysez l’énoncé « Quelle maigre offrande notre vice fait-il maintenant à la vertu ? » 
  • Trouvez des exemples dans le cadre de conflits internationaux de la dernière décennie ou selon les principes de la Charte des Nations unies a) une intervention miliaire aurait dû s’imposer ; b) une intervention militaire n’a pas été justifiée.  

Micro-tâches :

  • Définissez le terme « népotisme » dans le contexte de la politique africaine. 
  • Définissez le terme Françafrique et donnez quelques exemples pour en illustrer le fonctionnement.

Macro-tâche

  • Faites une recherche sur la « révolution de jasmin » en 2011.  

 


 

4. La situation des enfants:

    4.1. Le travail des enfants
«  Chaque minute qui passe, un enfant disparaît. Combien pourraient être sauvés ? Un grand nombre, c’est certain. Si seulement on pouvait leur envoyer de la nourriture, des médicaments plus efficaces. Si seulement on éprouvait à leur égard un sentiment de compassion, de solidarité. Mais la société dans laquelle nous évoluons a d’autres soucis. Elle veut des armes plus meurtrières mais l’arme la plus visible et la plus meurtrière est la faim. »[7]   
 
2 JUIN 2010: journée mondiale contre le travail des enfants  

« Dans le monde, 250 millions d'enfants, soit un enfant sur 7, dès l'âge de 4 ans parfois, sont astreints à des travaux forcés en violation de leurs droits fondamentaux à la liberté, à l’éducation, à la santé et aux loisirs. Plus de la moitié sont exposés aux pires formes de travail dans un environnement dangereux, comme esclaves ou dans des activités illicites, trafic de drogue, prostitution ou conflits armés en enfants-soldats.   

Relisons à ce propos l’article 9 de la Déclaration des Droits de l'Enfant, rédigée en 1959.

L'enfant doit être protégé contre toute forme de négligence, de cruauté et d'exploitation, il ne doit pas être soumis à la traite, sous quelque forme que ce soit. L'enfant ne doit pas être admis à l'emploi avant d'avoir atteint un âge minimum approprié; il ne doit en aucun cas être astreint ou autorisé à prendre une occupation ou un emploi qui nuise à sa santé ou à son éducation, ou qui entrave son développement physique, mental ou moral. »  

19 novembre : Journée mondiale pour la prévention des abus envers les enfants
 

« Chaque année

  • plus d'un million d'enfants sont amenés de force sur le marché du sexe.
  • Presque chaque jour de nouveaux cas d'abus et de maltraitance envers les enfants, auxquels des employés d'institutions internationales respectées se sont également trouvés mêlés.
  • L'augmentation des mesures préventives, l'amélioration des techniques de protection, la sensibilisation de l'opinion publique et l'encouragement des dénonciations nous apparaissent clairement comme la manière la plus intelligente et efficace d'aborder le problème.
  • 250 millions d’enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent
  • 100 millions accomplissent des travaux pénibles et dangereux
  • 3 millions d’enfants, en majorité des filles, sont victimes d’exploitation sexuelle
  • 121 millions d’enfants d’âge scolaire qui restent en dehors de l’école. » 


Actuellement il y a plus de deux milliards d’enfants qui vivent sur terre, dont 250 millions de moins de 15 ans seraient mis au travail.[8] Parmi les enfants économiquement actifs 95% vivent dans les pays en développement, et c’est en Afrique que le nombre d’enfants au travail est le plus élevé avec 41%.  Et pire encore, le chiffre en Afrique continue à augmenter. Selon les prévisions du Bureau international du travail  le chiffre d’enfants actifs devrait passer de 80 millions d’enfants en 1997 à 100 millions en 2015. « Les chiffres de 200 millions d’enfants esclaves et de 300 millions pour la main-d’œuvre enfantine, avancés respectivement par l’UNICEF et la Fédération Abolitionniste Internationale, sont des plus inquiétants. »[9]

Afrique_Travai_Enfants.jpg 

[Organisation internationale du travail - Source : http://www.sah.ch/data/CFCB5D37/Grafik_f.008.jpg]

Commentaire / discussion :

  1. Commentez le graphique de l’Organisation internationale du travail.
  2. Commentez le texte tiré de l’article d’Elie Wiesel : « Quel nouveau siècle pour nos enfants ? » qui se trouve au début du chapitre : «  Chaque minute qui passe… est la faim. » 
  3. Dressez une liste avec des « propositions pour une nouvelle politique de l’enfance » en référence au titre du livre de Marie-Thérèse Hermance « Les enfants d’abord « ; puis discutez des problèmes reliés aux thèses énoncées. 
  4. Imaginez des exemples concrets qui mettent en relief la violation des droits fondamentaux des enfants à la liberté, à l’éducation, à la santé et aux loisirs.

Sujets d’étude :

  • Quel est le nombre d’enfants qui vivent sur notre planète ? Combien en sont astreints au travail ? Quelle est la situation actuelle en Afrique et quelles sont les perspectives pour l’avenir. Rédigez un petit commentaire personnel sur les données.

Micro-tâche :

  • Faites une recherche internet pour savoir quel est le nombre d’habitants sur notre planète ? Quels sont les pronostiques pour 2020 et 2050 ?

Malgré la reprise économique à travers le monde en 2010 et 2011 des centaines de millions d’enfants continuent de mener une vie difficile et dangereuse qui se termine, hélas, souvent prématurément. Ces pauvres malheureux qui font partie de la « caste des abandonnés » et des « sans assistance » semblent être exclus du progrès et ne bénéficient pas de la prospérité du monde moderne. Bien au contraire, le processus de mondialisation aggrave encore leur marginalisation notamment dans les états économiquement faibles ou le pouvoir despotique des dirigeants tolère la déchéance sociale et la forte mortalité chez les enfants.

Ainsi les enfants d’Afrique subsaharienne par exemple sont davantage victimes de la maladie, de la pauvreté, de la guerre et de la famine. Ils sont les plus mal lotis du monde et l’écart qui existe avec les autres continents ne fait qu’augmenter. Un Africain sur trois souffre de malnutrition et le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans en Afrique subsaharienne est plus de deux fois supérieur au taux moyen dans le monde et près de 30 fois supérieur à celui des pays développés. Une femme sur 13 en Afrique meurt pendant la grossesse ou en couches alors que dans les pays industrialisés la proportion est d'une femme sur 4 085. Le pourcentage d’enfants vaccinés contre les maladies souvent mortelles comme la diphtérie, la coqueluche et le tétanos reste également très faible avec seulement 46%.

Le travail des enfants semble souvent être le seul remède contre la paupérisation des familles et la seule voie de survie de nombreux enfants. Pourtant les activités exercées par plus de 200 millions d’enfants nuit à leur développement mental, physique et émotionnel. Les activités de façade (vendeuses ambulantes, domestiques, petits gardiens) masquent souvent un travail illégal dans la prostitution ou un autre secteur informel.

 

Commentaire / discussion :

  1. Explicitez ce que vous entendez par la « caste des abandonnés » et des « sans assistance ». Est-ce qu’une telle « caste » existe aussi dans votre pays ? Décrivez-la. 
  2. À votre avis, que faudrait-il entreprendre pour améliorer la situation ? 
  3. Comment expliquez-vous que la reprise économique n’a eu guère d’impacte sur l’amélioration de la condition de vie dans les pays pauvres ?  

Sujet d’étude :

  1. Décrivez la situation des enfants en Afrique subsaharienne. Quels sont les chiffres ou données qui vous choquent particulièrement ?
  2. Qu’entendez-vous par les « activités de façade » ?  

 

A l’aube du 3ème millénaire une nouvelle forme d’esclavage voit le jour dans les grandes plantations industrielles d’Afrique de l’Ouest et Centrale, et cette fois-ci les enfants africains sont utilisés comme main-d’œuvre corvéable par les négriers africains eux-mêmes qui exploitent les enfants comme une marchandise. Olenka Frenkiel rapporte que  « chaque année « quelques 200.000 enfants des régions les plus pauvres d’Afrique sont vendus comme esclaves »[10] ce qui nous rappelle le commerce triangulaire de la honte du 16ème au 19ème entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques qui traitera les hommes, femmes et enfants comme des « biens meubles » (Code Noir de 1685, art. 44) et fera plusieurs millions de morts.

Malgré la Déclaration des droits de l’enfant de l’ONU (1959), la ratification de la Convention internationale des Droits de l’Enfant (1989) par la presque totalité des pays de la planète, la participation de 71 chefs d’États au premier Sommet Mondial pour l’Enfance en 1990  et la Charte Africaine des droits et du bien-être de l'enfant, adoptée en juillet 1990 par l’Organisation de l'Unité Africaine (OUA) qui rappelle suite à ce sommet que « l'enfant occupe une position unique et privilégiée dans la société africaine » la plupart des promesses de prendre des mesures immédiates et efficaces sont restées lettres mortes. Et aucun pays ne semble échapper à ce phénomène mondial du travail des enfants.

Rappelons que selon le rapport du Bureau international du travail de 2006[11] un enfant sur dix dans le monde entre 5 et 17 ans est astreint aux pires formes de travail, celles qui mettent en danger la santé physique ou mentale des enfants dans un contexte d’esclavage, de traite et de servitude, et en Afrique ce chiffre est encore beaucoup plus élevé : à l’heure actuelle 26% des enfants africains exercent une activité économique alors que dans les autres régions du monde le nombre des enfants au travail entre 5-14 ans a diminué d’un tiers. En même temps 60% des jeunes femmes et hommes en Afrique subsaharienne sont au chômage et à la recherche d’un emploi leur permettant de vivre dignement.[12]

On retrouve des enfants aussi bien dans les champs ou les mines, les ateliers ou dans les cuisines. Ils fondent des tôles d’acier, ils tissent des tapis ou encore fabriquent des allumettes. Dans des locaux insalubres, dans ces ateliers à sueur, les enfants manquent souvent d’air et de lumière, de sommeil et de nourriture. L’utilisation de produits chimiques dans le cas des industries du textile, mais aussi dans l’agriculture, détériorent rapidement leur santé. Ils abîment leurs yeux et leurs poumons, ont des troubles de croissance ou des déformations en raison du port de charges trop lourdes, souffrent de malnutrition et de maladies de la peau.

Il faut démasquer et mettre en relief également la traite de ces fillettes qui sont louées, voire vendues comme domestiques à des familles plus riches, aussi en Europe ou aux Etats-Unis, et qui sont exploitées comme des bêtes de somme tout en subissant des coups et blessures ainsi que des sévices sexuels. L’isolation totale dans laquelle elles se trouvent ne leur laisse guère l’espoir de pouvoir échapper à leur sort tragique. Par ailleurs on peut constater aussi une aggravation de la prostitution des mineurs dans les pays d’Europe et l’exploitation des enfants dans les ateliers de couture dans les grandes villes ou ils travaillent jusqu’à l’épuisement pendant 12 à 16 heures dans des conditions indignes de nos sociétés « civilisées ». Dans les pays développés, hélas, l’exploitation des enfants ne peut pas être expliquée par la pauvreté croissante comme en Afrique subsaharienne ou le nombre des démunis passera de 315 millions en 1999 à 404 millions en 2015.[13] C’est l’avarice et le profit qui poussent les âmes immorales à exploiter même les plus faibles et les plus innocents : les enfants.

Les enfants sont devenus une « denrée » économique fortement sollicitée à travers le monde, et les appels des différentes instances de la communauté internationale ne sont que rarement respectés dans des pays ou les clans de famille s’enrichissent aux dépens des plus pauvres, et dans un monde ou les pays les plus riches s’enrichissent encore davantage en coopérant avec ces dictateurs corrompus en toute connaissance de cause.

Selon le rapport du BIT les statistiques officielles révèlent qu’en Italie il y aurait environ un demi-million d’enfants actifs dont 35.000 travailleraient à Naples dans les ateliers de mode spécialisés dans les imitations de grandes marques. En France, une étude sur les apprentis a dénoncé le fait que plus de 91%  d’entre eux sont des mineurs qui travaillent entre 10 et 12 heures par jour pour une maigre rémunération. Ces enfants entrent clairement « dans la catégorie des enfants visés par la Convention internationale relative aux Droits de l’Enfant. »[14]

 

Commentaire / discussion :

  1. Pourquoi, à votre avis, la plupart des promesses de prendre des mesures immédiates et efficaces en faveur des droits de l’enfant sont restées lettres mortes ?
  2. Commentez la phrase : « Les enfants sont devenus une  denrée  économique fortement sollicitée à travers le monde ». 
  3. Que savez-vous sur le travail des enfants dans votre pays ? 
  4. A votre avis, pourquoi peut-on manipuler les enfants aussi facilement ?  

Micro-tâches :

  1. Faites une recherche sur le commerce triangulaire et décrivez-en le déroulement. 
  2. Recherchez le « Code noir » sur internet. Quel a été l’objectif de ce livre ? Par qui a-t-il été élaboré ? A quelle époque a-t-il été diffusé ? Citez deux maximes qui y sont mentionnées et prenez position. 

Sujets d’étude 

  • Décrivez cette nouvelle forme d’esclavage qui se propage au début du 3ème millénaire. 
  • Comment sont décrites les « pires formes de travail » des enfants ?
  • Remplissez la grille en y inscrivant soit les dates soit les événements marquants au sujet des Déclarations des droits de l’enfant :

 

1959

 
 

Convention internationale des Droits de l’Enfant

1990

 

  • Quel est le pourcentage des enfants dans le monde qui travaillent ? Quel est la situation en Afrique subsaharienne ? Quel est le pourcentage des hommes et femmes au chômage dans cette région du monde ?
  • Dans quels domaines les enfants travaillent-ils et quelles sont leurs conditions de travail ?
  • Quelle est la situation des petites « fillettes » au travail ? Qui, d’après vous, en est responsable ?
  • Quelle est la situation en Italie et en France quant au travail des enfants ?
 
Chocolat au goût amer du travail des enfants africains Clip – 2 min 12 : 9 août 2010.
 
Le chocolat belge fabriqué par des enfants-esclaves. Près de 99,5 pc du chocolat belge vendu dans les grandes surfaces contient du cacao récolté par des enfants-esclaves, affirme Oxfam qui demande aux producteurs belges d'utiliser des fèves de cacao provenant du commerce équitable. Plus de 70pc des fèves de cacao sont récoltées en Afrique de l'ouest, dans des pays comme le Ghana et la Côte d'Ivoire où les enfants sont exploités pour la récolte.
 

 


 

 
Comment lutter contre le travail des enfants dans les mines de diamants ? Clip : - 7 min 45 : 9 déc. 2010.

La République Démocratique du Congo possède l’un des sols les plus riches en Afrique mais une population très pauvre. Les mines de diamants sont loin d‘être des eldorados pour ces enfants à la recherche de la pierre qui changera leur vie. Faute d’alternative, comment convaincre les parents d’envoyer leurs enfants à l‘école plutôt qu‘à la mine ? Une question posée par Reporter dans le Kasaï Oriental.

[http://fr.euronews.net/2010/12/09/comment-lutter-contre-le-travail-des-enfants-dans-les-mines-de-diamants/] 


 

 

Victor Hugo, Les contemplations
 
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu: - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme ! 
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème ! Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,

Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !

 


 


 


4.2. Les enfants soldats

En dehors du travail des enfants un grand nombre de mineurs est également enrôlé dans des conflits armés dans le contexte des guerres civiles comme au Liberia, au Mozambique, en Angola, en Sierra Leone ou au Soudan pour ne citer que quelques pays.  Chaque jour la guerre fait des milliers de morts et de blessés en Afrique, dont la moitié sont des enfants, ces êtres innocents, vulnérables, fragiles et sans défense.  Des générations entières d’enfants de guerre ou d’enfants soldat sont arrachés à leurs familles ou capturés dans les rues pour servir une idéologie belliqueuse qui ne se soucie pas de leur vie. Ils sont utilisés pour exécuter toutes sortes de tâches : combattants, espions, poseurs de mines, messagers, porteurs ou encore pour servir de bouclier humain. Les filles qui ne participent pas au combat servent souvent d’esclaves sexuelles aux officiers. Tous ces enfants sont exposés à une violence homicidaire à large échelle et sacrifiés au sein d’une armée gouvernementale ou dans les combats d’une guérilla révolutionnaire. L’usage fréquent de drogue, d’alcool, du chantage et de la force font des enfants des objets manipulés par leur maître.

L’UNICEF a révélé dans des enquêtes qu’en 1994 à peu près 20% des 60.000 combattants au Liberia étaient des enfants de moins de 17 ans ; au Mozambique plus de 10.000 enfants ont été enrôlés de force dans la guerre civile, certains de ces enfants avaient à peine 6 ans. Ils ont été séparés de leur famille, ont été témoins de meurtres, d’abus physiques ou de torture, de kidnapping et ont été entraînés comme combattants. En plus ces multiples conflits armés détruisent les foyers des enfants, désintègrent leurs communautés, paralysent leur apprentissage et développement et détériorent leur confiance envers le monde des adultes. Selon le rapport annuel de l’UNICEF de l’année 2000 plus de 2 millions d’enfants ont été victimes des conflits armés ou ont trouvé la mort pendant les dix dernières années.[15]  

 

Sujets d’étude

  1. Quel est le deuxième fléau des enfants en dehors du fait qu’ils sont souvent contraints au travail ? 
  2. A quelles tâches les enfants soldat sont-ils destinés ? Citez quelques exemples. 
  3. Dans quels pays les enfants ont été contraints à prendre les armes ? Citez-en quelques-uns. 
  4. De quels événements les enfants sont souvent témoin ? 
  5. Quel est le nombre des enfants victimes des conflits armés selon le rapport annuel de l’UNICEF de l’année 2000 ?



Clip – Importé par 7 jours sur 7 sur la planète : Enfants soldats au Congo – Serge. 7 min 52 : 23 mars 2010. Serge, ancien enfant soldat en RDC, raconte les circonstances de son enrôlement dans une milice rebelle congolaise et de sa vie ...

[http://www.youtube.com/watch?v=Mwttno1-6sQ]    


Clip - France 3 : Reportage Enfants soldats.  3 min 24 : 11 fév. 2009.

A la Haye la Cour pénale internationale poursuit depuis une semaine son difficile procès sur l’enrôlement des enfants soldats en République Démocratique du Congo. Thomas Lubunga, ancien chef de la milice est poursuivi pour crime de guerre. Il est accusé d’avoir forcé des centaines d’enfants à devenir des meurtriers souvent sous l’emprise de l’alcool …

[http://www.dailymotion.com/video/x8c1tn_france3-reportage-enfants-soldats_news]


Cf. aussi sur Radio-Canada : Le chef de guerre congolais, Thomas Lubanga, sera le premier individu à comparaître devant la Cour pénale internationale (CPI).Il est accusé d'avoir enrôlé des enfants âgés de moins de 15 ans et de les avoir fait participer aux hostilités dans la province d'Ituri, pendant la guerre qui a sévi de 1998 à 2003 en République démocratique du Congo.

Lors des audiences, l'accusation a expliqué que des garçons et des fillettes, dont certains avaient à peine 10 ans, avaient été enlevés dans les rues par des hommes armés et emmenés dans des camps où on leur a appris le maniement des armes à feu et où on leur donnait fréquemment de la marijuana pour alléger leurs craintes.

[http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2007/01/29/007-lubanga-CPI-enfants.shtml]  


  • Étudiez les deux extraits qui suivent tirés du livre Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma, Editions du Seuil, 2000. [16]


« Je m'appelle Ibrahima. J'aurais pu être un sale gosse comme les autres (dix ou douze ans, selon les sources), ni meilleur ni pire, si j'étais né ailleurs que dans un foutu pays d'Afrique. Mais mon père est mort. Et ma mère, qui marchait sur les fesses, elle est morte aussi. Alors je suis parti à la recherche de ma tante Mahan, ma tutrice. C'est Yacouba qui m'accompagne. Yacouba, le féticheur, le multiplicateur de billets, le bandit boiteux. Comme on n'a pas de chance, on doit chercher partout, dans le Liberia et la Sierra Leone de la guerre tribale. Comme on n'a pas de sous, on doit s'embaucher, Yacouba comme grigriman et moi comme enfant-soldat. De camp  retranché en ville investie, de bande en bande de bandits de grand chemin, j'ai tué pas mal de gens avec mon kalachnikov. C'est facile. On appuie et ça fait tralala. Je ne sais pas si je me suis amusé. Je sais que j'ai eu beaucoup mal. Mais Allah n'est pas obligé d'être juste avec toutes les choses qu'il a créées ici-bas. »

Ahmadou Kourouma (1927 - 2003) - Allah n'est pas obligé, Editions du Seuil, août 2000, 4e de couverture,  Prix Renaudot et Goncourt des lycéens 2000.


« Je décide le titre définitif et complet de mon blablabla est Allah n'est  pas obligé d'être juste dans toutes ses choses ici-bas. Voilà. Je commence  à conter mes salades. Et d'abord... et un... M'appelle Birahima. Suis p'tit nègre. Pas  parce que suis black et gosse. Non! Mais suis p'tit nègre parce que je parle mal le français. C'é comme ça. Même si on est grand, même vieux, même arabe, chinois, blanc, russe, même américain; si on parle mal le français, on dit on parle p'tit nègre, on est p'tit nègre quand même. Ça, c'est la loi du français de tous les jours qui veut ça.

... Et deux... Mon école n'est pas arrivée très loin; j'ai coupé cours élémentaire deux. J'ai quitté le banc parce que tout le monde a dit que l'école ne vaut plus rien, même pas le pet d'une vieille grand-mère. (C'est comme ça on dit en nègre noir africain indigène quand une chose ne vaut rien. On dit que ça vaut pas le pet d'une vieille grand-mère parce que le pet de la grand-mère foutue et malingre ne fait pas de bruit et ne sent pas très, très mauvais.) L'école ne vaut pas le pet de la grand-mère parce que, même avec la licence de l'université, on n'est pas fichu d'être infirmier ou instituteur dans une des républiques bananières corrompues de l'Afrique francophone. (République bananière signifie apparemment démocratique, en fait régie par des intérêts privés, la corruption.) Mais fréquenter jusqu'à cours élémentaire deux n'est pas forcément autonome et mirifique. On connaît un peu, mais pas assez; on ressemble à ce que les nègres noirs africains indigènes appellent une galette aux deux faces braisées. On n'est plus villageois, sauvages comme les autres noirs nègres africains indigènes: on entend et comprend les noirs civilisés et les toubabs sauf les Anglais comme les Américains noirs du Liberia. Mais on ignore géographie, grammaire, conjugaisons, divisions et rédaction; on n'est pas fichu de gagner l'argent facilement comme agent de l'Etat dans une république foutue et corrompue comme en Guinée, en Côte-d'Ivoire, etc., etc.»

… Et trois… suis insolent, incorrect comme barbe d’un bouc et parle comme un salopard. Je dis pas comme les nègres noirs africains indigènes bien cravatés : merde ! putain ! salaud ! J’emplie les mots malinkés comme faforo ! (Faforo ! signifie sexe de mon père ou du père ou de ton père.) (…) Les Malinkés, c’est ma race à moi. C’est la sorte de nègres noirs africains indigènes qui sont nombreux au nord de la Côte-d’Ivoire, en guinée et dans d’autres républiques bananières et foutues comme Gambie, Sierra Leone et Sénégal là-bas, etc.

… Et quatre… je veux bien m’excuser de vous parler vis-à-vis comme ça. Parce que je ne suis qu’un enfant. Suis dix ou douze (il y a deux ans grand-mère disait huit et maman dix) et je parle beaucoup. Un enfant poli écoute, ne garde pas la palabre… (…) Mais moi depuis longtemps je m’en fous des coutumes du village, entendu que j’ai été au Liberia, que j’ai tué beaucoup de gens avec kalachnikov (ou kalach) et me suis bien camé avec kanif et les autres drogues dures.

… Et cinq… Pour raconter ma vie de merde, de bordel de vie dans un parler approximatif, un français passable, pour ne pas mélanger les pédales dans les gros mots, je possède quatre dictionnaires. Primo le dictionnaire Larousse et le Petit Robert, secundo l’Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire et tertio le dictionnaire Harrap’s. Ces dictionnaires me servent à chercher les gros mots, à vérifier les gros mots et surtout à les expliquer. Il faut expliquer parce que mon blablabla est à lire par toute sorte de gens : des toubabs (toubab signifie blanc) colons, des noirs indigènes sauvages d’Afrique et des francophones de tout gabarit (gabarit signifie genre). Le Larousse et le Petit Robert me permettent de chercher, de vérifier et d’expliquer les gros mots du français de France aux noirs nègres indigènes d’Afrique. L’Inventaire des particularités lexicales du français d’Afrique explique les gros mots africains aux toubabs français de France. Le dictionnaire Harrap’s explique les gros mots pidgin à tout francophone qui ne comprend rien de rien au pidgin.

Ce texte représente le début du roman Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma, Editions du Seuil, 2000, p. 7-9.



Boris Vian, Le déserteur, 1953

 
Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
 
Je viens de recevoir
 Mes papiers militaires
 Pour partir à la guerre
 Avant mercredi soir
 
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens

 

C'est pas pour vous fâcher
II faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter.
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
 Et pleurer mes enfants
 
Ma mère a tant souffert
Qu'elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
 
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
 
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens
 
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
 
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
 
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer

 

              



4.3.  L’éducation [17] et l’analphabétisme

Pour remédier à l’exploitation des enfants il faudra s’attaquer à long termes aux causes profondes en multipliant les possibilités d’éducation et en soutenant les processus de démocratisation et de développement économique dans les pays concernés. En même temps il faudra continuer à sensibiliser la population au problème du travail des enfants qui ne semble pas toujours être une priorité parmi ceux qui vivent dans l’abondance.  

Est-ce que l’éducation pourra devenir une sorte de « vaccin social » pour protéger les enfants contre l’appauvrissement, l’exploitation abusive et les maladies ?  A l’heure actuelle 104 millions d’enfants ne fréquentent pas l’école primaire et 130 millions d’enfants ne vont pas régulièrement à l’école parce qu’ils sont astreints au travail. Parmi ceux qui entrent à l’école un tiers ne termine pas les quatre ou cinq années du cycle primaire et n’acquièrent pas l’alphabétisation de base leur permettant de lire et d’écrire. Si les tendances actuelles persistent, notamment en Asie du Sud et en Afrique le nombre d’enfants analphabètes atteindra 165 millions en 2015. En plus il faut prendre en considération que la qualité de l’enseignement est souvent très mauvaise dû aux enseignants mal formés, au matériel insuffisamment mis à disposition et des classes surchargées variant entre 50 et 120 élèves.  

Clip de promotion produit par l'UNICEF pour améliorer la fréquentation des filles dans les écoles : 2 min - 29 janv. 2008

[http://www.dailymotion.com/video/x47d3p_toutes-les-filles-a-l-ecole_school]

192 pays du monde sont d’accord pour reconnaitre que l’éducation est un droit pour tous les enfants comme le précisent les articles 28 et 29 de la Convention: les États s’engagent à rendre « l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous » dans le but de « favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques «. 

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Source : http://www.memo.fr/Media/Carte_Taux-analphabetisme.gif


Malgré tous les efforts nationaux et internationaux l’analphabétisme reste alarmant surtout en Afrique. Si un adulte sur quatre dans le monde est analphabète, en Afrique le chiffre atteint environ 50 %, malgré de grandes disparités. Ainsi le taux d’illettrisme au Sénégal est de 49%, au Burundi de 66% et en Guinée-Bissau de 73 %. Il est de toute urgence de soutenir alors les programmes d’alphabétisation autant plus que les processus de démocratisation et de pacification sont étroitement liés à l’instruction des citoyens.

Commentaire / discussion :

  1.  A votre avis, quelles sont les causes profondes de l’exploitation des enfants ? 
  2. Est-ce qu’à votre avis « l’éducation pourra devenir une sorte de « vaccin social » pour protéger les enfants contre l’appauvrissement, l’exploitation abusive et les maladies ? »
  3. Quel est, à votre avis, le rapport entre l’analphabétisme et le « processus de démocratisation » ?

Micro-tâche :

  • Quel est le taux de l’analphabétisme dans votre pays. Quel sont les mesures entreprises pour remédier à ce problème.

Sujets d’étude

  1. Quel est le nombre  total des enfants qui ne fréquentent pas du tout ou seulement irrégulièrement l’école primaire. 
  2. Où est-ce que le nombre d’enfants analphabètes est le plus élevé ? 
  3. Selon les pronostics, quel taux l’analphabétisme atteindra-t-il en 2015 ? 
  4. Quelle est, à l’heure actuelle, la situation de l’analphabétisme en Afrique ?  

 

4.4. Le fléau du sida chez les enfants

En dehors des catastrophes de la guerre les enfants sont aussi victimes du VHS/sida, épidémie encore plus meurtrière que les conflits actuels.  Depuis l’identification du virus et le début de l’épidémie, le sida a fait plus de 20 millions de victimes parmi lesquels la moitié était des enfants de moins de 15 ans, et à l’heure actuelle le sida continue ses ravages en contaminant  3 millions de personnes par an.  « A la fin de 2007, on estimait à 33,2 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde (…) Chaque jour, le VIH infecte plus de 6 800 personnes et plus de 5 700 personnes meurent du sida, essentiellement parce qu’elles ne bénéficient pas d’un accès approprié aux services de prévention et de traitement. »[18] En 2007 10% des morts du sida en Afrique étaient des enfants et parmi les 2,7 millions de séropositifs âgés de moins de 15 ans dans le monde 2,4 millions se trouvaient en Afrique subsaharienne, soit près de 90%.[19]

Ainsi l’Afrique subsaharienne est la région la plus affectée, comptant pour 67 % des personnes vivant avec le VIH et 91 % des nouvelles infections chez les enfants. L'épidémie a causé en Afrique subsaharienne plus de 14 millions d'orphelins.

Le constat que dresse l’UNICEF est plus qu’alarmant et la réponse préconisée au problème renvoie toujours à l’éducation comme vaccin contre le sida qui doit prévenir les enfants – et les adultes - des risques de contamination et de transmission de la maladie et de ses conséquences par un processus suivi d’informations dès le plus jeune âge avec des mots et des images que les enfants sont en mesure de comprendre. Il est de toute urgence de multiplier les  programmes d’éducation et d’information, notamment « dans les écoles, les journaux et les émissions radiophoniques  dirigées par les jeunes » pour briser le  mur de silence et de la honte qu’entoure le sida dans beaucoup de pays et pour sensibiliser les jeunes aux risques souvent refoulés ou dissimulés.[20]  

 
Clip de promotion produit par l'UNICEF  « Génération sans sida » 30 sec : 7 décembre 2007
« Ensemble nous pouvons créer une génération sans sida. Roger Federer, ambassadeur de l'Unicef. Chaque minute le sida tue 1 enfant dans le monde. »
 
« VIH/sida Côte d'Ivoire » - 4 min 12 : 1 octobre 2007
« Etat des lieux du VIH/sida en Côté d'Ivoire. »
 

Documentaire Centre Afrique sida 1/2  - 7 min 6 : 5 févr. 2009
« Je suis parti en République Centre Africaine en Avril 2006, ce pour effectuer un reportage sur le travail d'une association « les Manguiers Solidarité Bangui » [http://www.tagtele.com/videos/voir/32658]   Documentaire Centre Afrique sida 2/2  - 9 min 35 min : 4 déc. 2007
Je suis parti en République Centre Africaine en Avril 2006, ce pour effectuer un reportage sur le travail d'une association « les Manguiers Solidarité Bangui »

[http://www.tagtele.com/videos/voir/32659/1/]    



Commentaire / discussion :

  1. Que comprenez-vous par « briser le  mur de silence et de la honte qu’entoure le sida dans beaucoup de pays » ? 
  2. Que faudrait-il faire, à votre avis, pour combattre la contamination par le VIH/ le Sida ?

 

Sujet d’étude

Quelle est, à l’heure actuelle,  la situation du sida en Afrique ?


 

4.5. La traite des enfants – Activités de créativité et de mise en scène

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Avec l’autorisation  de l’ONU de reproduire la photo ci-dessus tiré de la revue « Afrique Renouveau », Vol. 23, No. 3. Octobre 2009, Source  [http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol23no3/ar-23no3-fr.pdf] 


1.      Retracez quelques épisodes de la vie d’Isoke Aikpitanyi en les mettant en scène. Filmez des extraits pour les montrer à d’autres élèves.
2.      Faites une interview fictive avec Isoke Aikpitanyi que vous enregistrerez en mp3.
3.      Choisissez quelques énoncés du texte et présentez-les sous forme d’un rap.
4.      Imaginez et jouez quelques scènes illustrant des enfants qui effectuent un travail pénible.
5.      Faites un collage ou dessinez des affiches avec des photos a) contre le travail des enfants ; b) contre les enfants soldats ; c) contre le sida
6.      Travaillez sur les questions suivantes et présentez les réponses en plenum sous forme d’une récitation mise en scène: Saviez, vous que….
a)      A combien de millions de victimes la Rapporteuse spéciale sur la traite des personnes du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, Joy Ezeilo, estime-t-elle la traite des personnes en 2008 ?
b)      Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), quel est le nombre de Nigérianes envoyées en Italie et quelle est souvent leur sort ?
c)      Quelle est la situation de la traite au sein du continent africain et notamment au Mali et au Nigéria ?
d)     Quelles ont été les révélations de l’organisation non gouvernementale Coalition Against Trafficking in Women and Children faites en 2007 ?
e)      Quel traffic à été signalé à l’ONU par le gouvernement mauritanien 2006 ?
f)       Dans quelle mesure les écoles religieuses, daaras, ont été détournées de leurs objectifs ?
g)      Où est-ce que les enfants sont souvent placés au Sénégal, au Togo au Nigéria et dans bien d’autres pays ? Les familles connaissent-elles leur sort ?
7.      Mettez en scène la citation de la page huit : « Regardez l’Afrique. Il y a la pauvreté, les guerres et les crises politiques, la mauvaise gouvernance, les discriminations à l’égard des femmes, les inégalités, le manque d’instruction et l’analphabétisme. Tout cela rend les gens vulnérables. »
8.      Quelles sont les mesures entreprises dans les différents pays pour réduire la traite des personnes ? Mettez en scène un appel à la population !



 

 5. Textes supplémentaires à exploiter

 

Textes supplémentaires à exploiter
 
Les Mulezi (Petites Bonnes)
 

Quand on parle des enfants au travail, on fait souvent allusion à ceux utilisés dans des firmes, des usines de transformation de produits agricoles et industriels, l’artisanat,...ou à ceux qui opèrent dans le secteur informel. Évidemment, peu s’y retrouvent de leur propre gré. Certaines circonstances les entraînent souvent à compter sur eux-mêmes pour assurer leur survie ainsi que celle des leurs. Parmi les enfants travailleurs, figurent aussi des fillettes souvent oubliées. Ce sont ces milliers de jeunes filles utilisées comme « bonnes » dans des nombreux ménages, aussi bien en ville que dans les villages. Ces filles sont appelées « mulezi » (mot signifiant « bonne » ou la jeune fille qui assure la garde des enfants, en mashi).

 

 

 

Des origines coutumières

Les bonnes sont généralement au service d’une grande sœur, d’une tante, d’un membre de la famille lointaine. La demande se fait souvent entre femmes. Une fois convenue, la proposition est faite au père. Celui-ci ne tarde pas à céder pour, entre autres raisons, pour sauvegarder les liens familiaux avec la famille demandeuse. Le moindre refus occasionne parfois de graves détériorations des relations dans le clan. Mais les petites bonnes sont également des enfants sacrifiés par leur famille pour seconder les mères de famille dans leurs travaux ménagers.

Dans les villages africains, nombreux sont les ménages qui croient encore que la première fille n’a pas le droit d’aller à l’école.  A sa naissance, la mère se sent soulagée de trouver une assistante valable. En effet, dès le très bas âge, celle-ci remplace la mulezi - si elle en avait une. Elle s’occupe ainsi des soins de ses petits- frères et sœurs. Mais également d’autres travaux domestiques. Adolescente, elle prend la houe et accompagne sa mère pour tous les travaux des champs. A ce stade, sa place de « bonne » aura été occupée par quelqu’un d’autre. Le critère de choix de celui-ci étant bien entendu lié à son sexe, mais aussi à l’âge.

Les femmes : soutien de famille
 
Du caractère social, ce besoin en main d’œuvre féminine s’est accentué avec la dégradation du tissu économique  qui a conduit à la paupérisation de la population. En effet, la femme - celle vivant en milieu urbain - a bien compris que la crise s’installait. Elle a inventé un nouveau mode de vie qui consiste à ne plus compter sur le salaire de son mari. Et la voilà partout : porte-faix, revendeuse de toutes sortes de marchandises au coin des rues. Ainsi passent des jours, des années et des décennies.
 


Quelles sont les tâches réellement attribuées à la bonne ?

Elles sont multiples et varient selon que celle-ci se situe au village ou en ville. Au village par exemple, outre qu’elle doive s’occuper à longueur de journées des enfants, la mulezi assiste sa maîtresse dans presque tous les travaux domestiques : ramasser du bois, puiser de l’eau, faire la lessive, chercher de l’herbe verte (servant de tapis pour les huttes), ... En ville par contre, les bonnes sont souvent utilisées dans des activités génératrices de revenus : vendre des beignets, de la farine, de la braise, de la glace ou de la bière. Ceci en plus de ses nombreux travaux domestiques.
 Copyright © 1999-2011 - Reproduction autorisée avec la mention : « diffusé sur le site de Jean-Charles Champagnat : www.droitsenfant.com  »

 

 En Egypte 

Les Zabaleen du Caire (Petits chiffonniers)

Le quartier El Moqatam près de la citadelle de Saladin est le lieu où résident les Chiffonniers du Caire, en Égypte. Ce pays compte près de 78 millions d'habitants. La ville du Caire à elle seule accueille 25 millions d'habitants. Le Caire connaît une telle crise du logement, que c'est là que de nombreuses familles ont élu résidence.

Ainsi, ce sont près de 350 000 personnes, coptes pour la plupart, qui vivent du ramassage et du tri des ordures. Parmi eux, on compte 180 000 enfants. Le quartier croule sous les ordures. Les "Zabaleen du Caire ” vivent de la collecte et du recyclage des poubelles de la cité. Partout dans les ruelles sombres de la colline, une odeur lourde et âcre prend à la gorge et persiste. Les rues sont noires. Les toits ploient sous les tonnes d’ordures rapportées de la mégapole. Les rez-de-chaussée de chaque immeuble sont transformés en dépotoirs qui débordent de détritus que trient à mains nues les femmes et les enfants.

Sortis de l‘ombre grâce à l‘action de Soeur Emmanuelle, les chiffonniers du Caire se trouvent confrontés à de nombreuses difficultés. Ils partent le matin pour ramasser les ordures dans les rues de l’immense agglomération cairote. Ils reviennent dans l’après-midi et déchargent leurs rustiques charrettes tirées par de petits ânes. Ces ordures s’amoncellent en collines plus hautes que leurs cabanes. L’odeur qui se dégage de ces tas d’immondices est épouvantable. Les chiffonniers, grands et petits, trient ces morceaux d’ordures, mettant de côté les détritus alimentaires et les donnant à manger à des cochons noirs qu’ils vendent, une fois engraissés, à des charcutiers coptes. Les enfants jouent sur ces tas d’ordures putréfiés où grouillent les rats et les microbes. Il n’est pas rare, en parcourant le bidonville, de voir une dizaine de cadavres de chiens, de chats et de rats pourrissant au soleil.

Copyright © 1999-2011 - Reproduction autorisée avec la mention : « diffusé sur le site de Jean-Charles Champagnat : www.droitsenfant.com  »

 

 

Entretien avec le Sénégalais Moussa Sène Absa, réalisateur de films, par Thérèse De Raedt. In: The French Review 89,1 (October 2015) :172.184
Q: Est-il difficile de réaliser des films au Sénégal ?
R : Oui, c’est terriblement difficile. (…)
Q : Qu’est-ce qui a changé depuis le changement de pouvoir ?
R : Rien n’a changé. Mais n’empêche, on fait des films malgré le fait de ne pas avoir de salles. On est dans une situation kafkaïenne. Le gros problème est un problème de vision. Mais c’est tout le problème de l’Afrique. Nous avons des dirigeants qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Le problème de l’Afrique, c’est l’éducation et puis c’est la corruption. La corruption a atteint en Afrique des degrés insoupçonnables. Ici, c’est sans vergogne. C’est-à-dire que c’est une norme. Pour avoir un papier, il faut payer. Un type est payé pour faire ce papier, mais ce papier il va le monnayer. Le policier qui raquette sur la route pour mille francs, a un salaire. On lui a demandé de faire respecter la réglementation, mais comme il a le pouvoir de la tenue, il va marchander sa tenue. Et cela va jusqu’au magistrat, jusqu’au ministre.  Pour moi, ça c’est vraiment la gangrène de l’Afrique. (p. 180-181).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mise à jour le Jeudi, 26 Novembre 2015 15:43