Dans l'apprentissage scolaire, l'erreur est forcément présente et transitoire. La diminution des erreurs est le signe d'une meilleure maîtrise du domaine de connaissances. Etant donnée l’omniprésence de l’erreur dans l’apprentissage, il est essentiel d’analyser la place qu’elle occupe dans la didactique moderne.
Jusque là, en pédagogie, l'erreur était généralement considérée de façon négative. Souvent assimilée à une "faute", cette dernière devait nécessairement être sanctionnée pour disparaître.
Le statut de l'erreur diffère selon les conceptions théoriques : |
* Selon le behaviorisme, l'enseignement vise un apprentissage sans erreur. Ce dernier se réalise par exercices, répétitions et renforcement des "bonnes réponses". L'élève est progressivement guidé vers la réalisation d'un objectif (l'apprentissage programmé). L'enseignement dit inductif, qui inspire bon nombre de disciplines, illustre bien cette conception. |
* Selon le constructivisme, l'apprentissage est un processus au cours duquel les connaissances nouvelles peuvent s'appuyer sur les connaissances anciennes ou les remettre en cause. L'erreur témoigne donc des difficultés que doit résoudre l'élève pour produire une connaissance nouvelle ; on évoque alors le fameux conflit cognitif que l'élève doit résoudre. La correction de l'erreur par un élève indique ainsi qu'il a surmonté ces difficultés en construisant une réponse nouvelle. |
L'erreur est donc cette expérience d'invalidation des hypothèses ou des représentations mentales de départ. Il y a erreur parce qu'il y a un processus cognitif à l'oeuvre. Plus précisément, dans ce processus, l'erreur marque la phase de déstabilisation de la construction mentale initiale, préalable à celle de reconstruction.
-> Conséquences sur le statut de l'erreur: puisque l'erreur est révélatrice d'une authentique activité intellectuelle de l'élève (stratégie d'appropriation par élaboration progressive de schémas de représentation), elle n'est pas blâmable: elle n'est pas de la faute de l'élève, ce n'est pas une faute. Ce n'est pas l'indice d'un défaut de connaissance, mais celui de l'inadéquation des connaissances de l'élèves à rendre compte du réel. A bannir, donc, les annotations dans la marge des copies: "bien", "juste", et les autres expressions courantes à connotation morale: "mauvais" ou "bon" élève, "les devoirs à faire". Il n'existe plus que des erreurs.
Il y a en fait, deux types d'erreurs :
- des "erreurs de performance", ou erreurs "bêtes", étourderies ou "lapsus" : erreurs aléatoires, perturbation dans l'application d'une règle pourtant connue, due à la fatigue, au stress, à l'émotion occasionnés par les conditions du devoir. L'élève connaît la règle qu'il aurait dû appliquer; il est donc capable de se corriger. Ceci correspond à ce qu'on appelle couramment la faute.
- des "erreurs de compétence", révélant une activité intellectuelle de l'élève ("erreurs intelligentes") : erreurs systématiques que l'élève est incapable de corriger, mais il est capable d'expliquer la règle qu'il a appliquée. Avec ce dernier type d'écart à la réponse attendue par l'enseignant, l'erreur devient à la fois inévitable (liée à la nature du développement cognitif de l'élève) et utile (elle a son rôle dans le processus d' apprentissage, et non plus en bout de processus). Ceci correspond à ce qu'on appelle couramment l'erreur.
Exemples d'erreur Surgénéralisation :
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On apprend à lire en lisant, à parler en parlant et à écrire en écrivant.
Une telle approche
présuppose un changement d'attitude face à l'erreur et une modification
de nos pratiques pédagogiques. L'attention portée à la correction
dépend en partie des besoins des élèves et de l'importance de l'erreur
pour l'efficacité de la communication.
Les CER aborde la question de la correction de l'erreur sous un regard différent de celui qu'on lui porte traditionnellement. Il nous faut donc apprendre à analyser l'erreur pour découvrir le cheminement qu'a suivi l'élève pour en arriver à faire cette erreur, donc mettre en évidence non pas seulement la faiblesse qui a causé l'erreur, mais aussi la force qui se cache derrière : quelle règle l'élève a-t-elle tenté d'appliquer? L'étape suivante est de planifier une situation qui permettra à l'élève d'observer d'autres exemples, de faire de nouvelles hypothèses et d'affiner la règle qu'elle s'était formulée. Cette nouvelle manipulation de la langue favorise également le développement d'automatismes (qu'il s'agisse de grammaire, d'orthographe ou d'expressions idiomatiques.)
Etant donné que les erreurs ne sont pas un constat d’échec pédagogique, mais plutôt des témoins lumineux de la progression de la personne, elles sont pour l’enseignant l’occasion d’un diagnostic pédagogique permettant d’atténuer l’écart entre ce qui est à faire ou souhaité et ce qui est réellement fait.
Conséquences pour la formation à distanceVers une nouvelle conception du traitement de l'erreur Nous avons vu que le concept
"de traitement de l'erreur" est assez nouveau et prend une place
prépondérante. Pendant très longtemps, ce traitement consistait à effacer l'erreur proposée et à faire recommencer l'élève. Après deux échecs, la solution était directement donnée, et ce dernier n'avait plus qu'à la recopier. Il va sans dire, que cette méthode, à l'heure du multimédia n'est plus satisfaisante. Les logiciels aujourd'hui intègrent des modules sons, qui signalent à l'enfant qu'il s'est trompé : cela peut aller d'un simple "bip", à une voix "off" qui signale à l'enfant qu'il s'est trompé et qu'il peut chercher à se corriger. Mais ne peut-on pas aller plus loin ? Aujourd'hui, ce module son a été étendu et propose une aide orale qui va guider l'enfant dans la recherche de son erreur. Parfois, une aide s'affiche à l'écran, aide que l'enfant peut lire, ou à défaut, écouter. Le traitement de l'erreur proposé aujourd'hui par les cédérom est omniprésent. Il doit permettre aux enfants en difficulté de bénéficier d'une aide (qu'elle soit orale ou écrite), aide à laquelle on pourra toujours avoir recours ou qui se signalera au terme d'un exercice pour guider l'enfant dans son travail de correction. L'autonomie, une fois de plus dicte ce choix : l'enfant pourra de la sorte corriger sa propre production à partir de la synthèse produite par l'ordinateur. Il y aura donc une réelle communication entre l'élève et l'ordinateur, gestionnaire du parcours de l'enfant. Autonomie mais aussi confiance en soi. L'ordinateur, dans tous les cas, signale les erreurs, propose de les corriger. "Regarde bien, tu as peut-être commis une erreur ... si tu veux tu peux te corriger..", tel est souvent le message que l'on peut entendre. Tous ces outils permettent de redonner confiance, de motiver ces élèves, grâce à leur interface conviviale. L'ordinateur, outre son aspect ludique qui est loin d'être négligeable, est un patient répétiteur, qui, aux yeux des enfants, n'a pas le même regard évaluateur (oserais-je dire sanctionneur) de l'enseignant. Cet outil ne fait pas de reproches aux enfants quand ils se trompent…tout au plus des remarques, voire des conseils qui leur permettent de recommencer cet exercice qu'ils ont ratés. |
Source: http://plessner.u-strasbg.fr/dess/projet01/html/erreurex.htm#analyse
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On apprend à lire en lisant, à parler en parlant et à écrire en écrivant.
Une telle approche
présuppose un changement d'attitude face à l'erreur et une modification
de nos pratiques pédagogiques. L'attention portée à la correction
dépend en partie des besoins des élèves et de l'importance de l'erreur
pour l'efficacité de la communication.
Les CER aborde la question de la correction de l'erreur sous un regard différent de celui qu'on lui porte traditionnellement. Il nous faut donc apprendre à analyser l'erreur pour découvrir le cheminement qu'a suivi l'élève pour en arriver à faire cette erreur, donc mettre en évidence non pas seulement la faiblesse qui a causé l'erreur, mais aussi la force qui se cache derrière : quelle règle l'élève a-t-elle tenté d'appliquer? L'étape suivante est de planifier une situation qui permettra à l'élève d'observer d'autres exemples, de faire de nouvelles hypothèses et d'affiner la règle qu'elle s'était formulée. Cette nouvelle manipulation de la langue favorise également le développement d'automatismes (qu'il s'agisse de grammaire, d'orthographe ou d'expressions idiomatiques.)
Etant donné que les erreurs ne sont pas un constat d’échec pédagogique, mais plutôt des témoins lumineux de la progression de la personne, elles sont pour l’enseignant l’occasion d’un diagnostic pédagogique permettant d’atténuer l’écart entre ce qui est à faire ou souhaité et ce qui est réellement fait.
Conséquences pour la formation à distanceVers une nouvelle conception du traitement de l'erreur Nous avons vu que le concept
"de traitement de l'erreur" est assez nouveau et prend une place
prépondérante. Pendant très longtemps, ce traitement consistait à effacer l'erreur proposée et à faire recommencer l'élève. Après deux échecs, la solution était directement donnée, et ce dernier n'avait plus qu'à la recopier. Il va sans dire, que cette méthode, à l'heure du multimédia n'est plus satisfaisante. Les logiciels aujourd'hui intègrent des modules sons, qui signalent à l'enfant qu'il s'est trompé : cela peut aller d'un simple "bip", à une voix "off" qui signale à l'enfant qu'il s'est trompé et qu'il peut chercher à se corriger. Mais ne peut-on pas aller plus loin ? Aujourd'hui, ce module son a été étendu et propose une aide orale qui va guider l'enfant dans la recherche de son erreur. Parfois, une aide s'affiche à l'écran, aide que l'enfant peut lire, ou à défaut, écouter. Le traitement de l'erreur proposé aujourd'hui par les cédérom est omniprésent. Il doit permettre aux enfants en difficulté de bénéficier d'une aide (qu'elle soit orale ou écrite), aide à laquelle on pourra toujours avoir recours ou qui se signalera au terme d'un exercice pour guider l'enfant dans son travail de correction. L'autonomie, une fois de plus dicte ce choix : l'enfant pourra de la sorte corriger sa propre production à partir de la synthèse produite par l'ordinateur. Il y aura donc une réelle communication entre l'élève et l'ordinateur, gestionnaire du parcours de l'enfant. Autonomie mais aussi confiance en soi. L'ordinateur, dans tous les cas, signale les erreurs, propose de les corriger. "Regarde bien, tu as peut-être commis une erreur ... si tu veux tu peux te corriger..", tel est souvent le message que l'on peut entendre. Tous ces outils permettent de redonner confiance, de motiver ces élèves, grâce à leur interface conviviale. L'ordinateur, outre son aspect ludique qui est loin d'être négligeable, est un patient répétiteur, qui, aux yeux des enfants, n'a pas le même regard évaluateur (oserais-je dire sanctionneur) de l'enseignant. Cet outil ne fait pas de reproches aux enfants quand ils se trompent…tout au plus des remarques, voire des conseils qui leur permettent de recommencer cet exercice qu'ils ont ratés. |
Source: http://plessner.u-strasbg.fr/dess/projet01/html/erreurex.htm#strategies
cf. aussi: http://www.oasisfle.com/documents/pedagogie_de_l%27erreur.htm
L'erreur
est généralement considérée de façon négative en pédagogie. Souvent
assimilée à une "faute", cette dernière doit nécessairement être
sanctionnée pour disparaître. En outre, le caractère relatif de
l'erreur est souvent effacé par le caractère absolu du jugement qui
l'accompagne (juste/faux ; exact/inexact). Aussi, convient-il de
distinguer l'origine de l'erreur de son évaluation.
L'erreur, une question de
référence
D'une manière générale, la notion
d'erreur suppose simultanément
celle de but et celle de choix opéré par le sujet (1).
Par exemple un rat placé dans un labyrinthe à plusieurs branches peut
commettre des erreurs pour atteindre un but (nourriture située au fond
d'une branche). En revanche, le même rat placé dans une voie unique ne
peut commettre d'erreur. L'erreur est généralement considérée soit
comme un écart entre la performance réalisée (la réponse) et un but
attendu (ou une norme définie), soit comme le processus responsable de
cet écart. La question de la référence ici est essentielle pour
caractériser le résultat de l'action ou le moyen de l'obtenir. Les
indices et les critères pour évaluer l'écart seront différents dans un
cas et dans l'autre. La définition de la référence suppose que
la tâche soit précisément définie préalablement par le
concepteur. En
matière de pédagogie, c'est rarement le cas dans les exercices
scolaires proposés aux élèves, parce ce que cela reviendrait bien
souvent à leur "mâcher le travail". Il peut en aller autrement dans le
domaine de la production où les opérateurs doivent exécuter une
procédure particulière qui a fait l'objet d'une formation spécifique,
notamment pour la sécurité ou la prévention d'accident (2). Dans ce
dernier cas, on tente de distinguer l'erreur humaine du
dysfonctionnement du système technique pour déterminer les causes et
établir les responsabilité. Erreur humaine et fiabilité sont
indissociablement liées (3).
Erreur et apprentissage
scolaire
Dans
l'apprentissage scolaire, l'erreur est forcément présente et
nécessairement transitoire. Il en est ainsi, par exemple, avec la
correction orthographique qui voit les fautes diminuées avec la
scolarité ; ce qui témoigne d'une acquisition progressive de "règles".
La diminution des erreurs est le signe d'une meilleure maîtrise du
domaine de connaissances.
Cependant, des erreurs peuvent
survenir, parce qu'elles sont liées aux difficultés présentées par une
situation particulière ou à des apprentissages non réalisés. C'est le
cas d'une règle non apprise ou jamais enseignée. En mathématiques si
l'élève ne maîtrise pas la table d'addition il connaîtra des
difficultés ultérieurement pour apprendre la soustraction, la
multiplication, la division. Il convient donc de distinguer des erreurs
"profondes" liées à des "ratées" d'apprentissage ou des
"non-acquisitions" et des erreurs "contingentes" liées, par exemple, à
un nouveau domaine de connaissances. Dans ce dernier cas, l'erreur
témoigne que les connaissances mobilisées ne correspondent pas à celles
qui seraient nécessaires pour réaliser la tâche. La réduction de ce
type d'erreur serait alors le résultat d'un nouvel apprentissage.
La difficulté pour l'enseignant consiste à diagnostiquer le type
d'erreur : répétitive et susceptible d'entraver des apprentissages
ultérieurs ou contingente et transitoire, liée à la rencontre d'une
situation nouvelle. Une difficulté pour les enseignants débutants
consiste bien souvent à différencier une "bonne" erreur sur laquelle il
convient de s'arrêter et une erreur "vénielle" qu'il convient de
"laisser passer". Une autre difficulté réside dans le choix de la
remédiation subséquente éventuelle, qui suppose un travail différent
dans un cas et dans l'autre. L'erreur, comme l'apprentissage, doivent
donc être envisagés dans le temps : long terme, moyen terme et court
terme.
Le statut de l'erreur
diffère selon les conceptions
théoriques
L'appréciation d'une erreur selon la performance
réalisée n'est pas nécessairement le meilleur moyen d'identification et
offre peu de garantie pour en caractériser la nature. En effet, pas
plus qu'une mauvaise réponse, une bonne réponse ne peut signifier que
le raisonnement mis en jeu est celui attendu, ou que l'élève a compris
la démarche mise en ½uvre. En matière de conceptualisation, bien
souvent la réussite précède la compréhension (4).
L'erreur est humaine… son
analyse aussi
Cependant,
dans les pratiques courantes, l'erreur est le plus souvent envisagée
d'un seul point de vue, celui de l'élève. Auteur et responsable de
l'erreur, celle-ci témoignerait des compétences mises en jeu,
de défauts
cognitifs plus ou moins chroniques et propres à chaque élève. C'est
ainsi que des profils d'élèves
fondés sur des classes de difficultés supposées sont souvent à
l'origine de l'organisation de groupes de soutien ou d'aide proposés
actuellement par l'institution.
Cette conception
"internaliste" de l'erreur se fonde sur une philosophie substantialiste
de la formation des connaissances et l'idéologie indivualiste. Or, il
est clair que l'enseignement engendre des erreurs ou des apprentissages
"mal montés" qu'il faudra nécessairement rectifier par la suite. De
même que dans les dispositifs proposés aux élèves, il y a des erreurs
"embarquées" que l'on retrouvera dans les actions réalisées par les
élèves. Comme dans les systèmes techniques, les erreurs produites par
les systèmes d'enseignement sont aussi le résultat d'actions humaines.
Mais, comme les travaux ergonomiques ont pu le montrer dans divers
environnements de travail, l'erreur est généralement réservée au
"combattant de première ligne" et rarement à "l'état major".
Les seules caractéristiques de l'élève sont souvent insuffisantes pour
comprendre les erreurs réalisées. L'origine de celles-ci est plutôt à
rechercher dans l'interaction élève-tâche
et, d'une façon générale, les erreurs sont à resituer dans
l'environnement de travail de l'élève. L'erreur constatée dépasse le
niveau individuel de son auteur. Elle est le signe d'une possibilité
d'action humaine, c'est à dire réalisable par un autre individu que par
celui qui la produite : comme beaucoup d'actions humaines, les erreurs
se transmettent et se partagent aussi. Elles sont d'ailleurs à la base
des regroupements d'élèves évoqués plus haut.
Il est toujours difficile de déterminer l'origine d'une erreur, car
celle-ci doit être resituée à la fois par rapport :
L'analyse
de l'erreur est à replacer dans le contexte de sa production. Ce qui
englobe les prescriptions ou les attentes du concepteur de la tâche,
ses exigences d'enseignant, sur tel ou tel aspect de la réalisation.
Elle est au c½ur du contrat didactique qui régule les attentes
respectives du professeur et des élèves, et de la négociation du sens
de l'activité réalisée à propos d'un
enjeu de savoir.
L'analyse de l'erreur fait référence à des situations concrètes dont
les interprétations peuvent variées selon les points de vue (5, 6).
L'analyse de l'erreur diverge selon les spécialistes (psychologue,
didacticien, sociologue, ergonome), tout comme l'analyse du didacticien
peut diverger de celle du praticien. L'analyse du professeur se
distingue de celle de ses collègues : une erreur "grave" pour l'un est
considérée comme "vénielle" par tel autre, extérieur à la situation ;
l'analyse faite par le professeur, celle faite par l'élève ou par le groupe-classe,
etc. sont autant
d'interprétations qui supposent contacts humains et échanges sociaux.
Les deux facettes de
l'erreur
Les
faces positives et négatives ne sont pas traitées équitablement par les
catégories du sens commun. En désignant l'erreur comme relevant de la
responsabilité de l'individu, le langage courant met l'accent
exclusivement sur la face négative de l'erreur alors que les causes
peuvent être externes et liées au système didactique, par exemple. La
face positive est alors systématiquement négligée. L'erreur est
rarement envisagée comme le signe de ce dysfonctionnement qui
renverrait à la fois à l'analyse du système et de l'activité des
élèves. Elle est encore moins envisagée comme un mode de régulation que
se donne l'élève pour réduire le dysfonctionnement auquel il est
confronté, pour fournir "malgré tout" une réponse à une situation qui
le dépasse…
L'erreur, ce n'est pas seulement ce qui ne
répond pas à une norme, c'est aussi ce qui a été fait à la place
d'autre chose, ce qui a été empêché de se faire. C'est le signe
annonciateur de la réalisation d'une nouvelle action, c'est une
ouverture sur ce qui aurait dû ou pu se faire, sur ce qui devrait se
faire moyennant des changements, sur ce qui se fera ultérieurement.
Pour le professeur, l'erreur ce n'est pas seulement l'écart à une
norme, c'est aussi le signe que l'élève se fait sujet de la question
posée (7),
c'est le signe de son engagement dans la tâche, qu'il s'approprie la
tâche pour mettre à l'épreuve son expérience et ses connaissances. Il
met en ½uvre ce qu'il ne sait pas encore faire pour s'inscrire dans un
mode de questionnement, de pensée, de réflexion qui le dépasse
actuellement et qu'il ne peut résoudre tout seul (voir la zone de
proche développement).
Le diagnostic d'une erreur n'est pas chose facile car, bien souvent, il
n'est pas aisé de distinguer la part qui revient à la situation et
celle qui revient à l'élève ; d'autant que, son apparition s'inscrit
dans le temps, dans une histoire didactique du groupe-classe
: celle des situations et des expériences réalisées et à venir. C'est
la raison pour laquelle, les aspects positifs et négatifs des erreurs
relèvent généralement chez le professeur du "ressenti", de ces "choses
informelles" qui lui sont précieuses pour organiser la suite des cours.
Pour que les aspects positifs de l'erreur soient reconnus encore
faut-il que le système de formation y soit sensible et la considère
comme un élément fondamental du processus d'apprentissage scolaire,
c'est à dire qu'il soit "tolérant à l'erreur". Pour cela, la prise en
compte de l'erreur se distingue de l'évaluation de la performance
qui se ferait à l'aune d'une
évaluation qui sépare action et connaissance et considère les savoirs
achevés et non en devenir.
L'erreur comme analyseur
du système de formation