Expression �crite | Production personnelle et autonome d’un message �crit �nonciativement engag�. D�finir � qui l'on �crit, pour quoi on �crit et ce qu'on �crit. |
Expression orale | Prise de parole/�mission de message dans une situation directe de dialogue. Il n’est pas forc�ment n�cessaire de faire des phrases compl�tes dans la mesure ou la langue parl�e est faite d’abr�viations et de mots isol�s. |
Compr�hension �crite | Saisir le sens litt�ral, le message � Percevoir le ton, le point de vue, les intentions de l’auteur � etc. Il n’est pas non plus n�cessaire de comprendre tous les mots du texte. Utiliser le paratexte induire le sens des mots par rapport au contexte, etc |
Compr�hension orale | Distinction des sons, accentuation, etc. Compr�hension et prise de notes. Il n’est pas n�cessaire de tout comprendre pour comprendre la teneur du message. |
Comp�tence
L'origine
juridique (un tribunal est comp�tent ou pas pour juger une affaire),
relativement ancienne, s'av�re peu pertinente pour le domaine de
l'�ducation. En revanche, la notion de comp�tence issue de la grammaire
g�n�rative
de N. Chomsky (1969), bien plus proche de nous, a inspir� de nombreux
travaux relatifs � la ma�trise de la langue, par exemple. La comp�tence
d�signe le syst�me de r�gles int�rioris� qui permet de comprendre et de
produire un nombre infini de phrases in�dites. Cette comp�tence
grammaticale, � la fois inn�e et implicite, est partag�e par tous les
locuteurs appartenant � une m�me communaut� linguistique et conf�re une
dimension cr�atrice � la langue.
Performance
La notion de comp�tence est proche de celle de langue chez
Saussure, tandis que la notion de performance serait proche de
celle de parole.
La performance d�signe la manifestation de la comp�tence des locuteurs
et r�f�re � la diversit� des actes de langage et des contextes
d'�nonciation et de communication. En psychologie le terme de
performance d�signe le comportement observable qui permet d'inf�rer les
processus psychologiques qui le sous-tendent. D'une fa�on g�n�rale, la
performance dans la r�alisation d'une t�che d�pend � la fois des
contraintes de r�alisation (mat�rielles, conceptuelles, sociales,
temporelles...) et des capacit�s de l'individu.
Capacit�
Actuellement le terme de capacit� n'est plus distingu� de
celui d'aptitude,
par les psychologues (en France). Dans cette perspective, les
comp�tences d�signent les capacit�s ou l'efficience plus ou moins
grande d'un individu � mobiliser des op�rations mentales pour r�soudre
des probl�mes ou ma�triser une classe de situations. Ces capacit�s,
d�velopp�es ou acquises, sont �valu�es � l'aide de tests standardis�s
qui permettent d'ordonner des individus selon diff�rentes dimensions
(3).
Cette notion v�hicule un vieux d�bat scientifique et id�ologique � la
fois sur le caract�re inn� ou acquis des capacit�s et sur le caract�re
priv� ou public de celles-ci. C'est � une conception individualiste et
inn�iste que s'oppose l'approche historico-culturelle
pour laquelle les capacit�s cognitives, d'origine sociale, se
d�veloppent par l'appropriation individuelle des syst�mes de signes
culturellement transmis (4,5).
Contexte
La
comp�tence d�signe la capacit� � r�aliser de fa�on satisfaisante une
t�che d�termin�e. Dans ces conditions, la d�finition de cette
comp�tence s'accompagne n�cessairement de la d�finition de la situation
de mise en �uvre. Ce travail n'est toujours pas facile car il est peu
ais� de d�crire de fa�on pr�cise et exhaustive l'ensemble des
contraintes de r�alisation et l'on sait qu'une l�g�re modification de
contexte peut affecter le niveau de comp�tence. Or, aussi bien les
activit�s scolaires que les activit�s productives ne se r�duisent pas �
la r�alisation d'une seule t�che. L'activit� consiste g�n�ralement �
r�aliser plusieurs t�ches simultan�ment. C'est la raison pour laquelle
en ergonomie, par exemple, la mod�lisation des comp�tences demeure
probl�matique car m�me les t�ches les plus routini�res mobilisent
diverses capacit�s cognitives apprises ou d�velopp�es en situation par
les op�rateurs (6).
Il en va de m�me dans les situations de classe o� les comp�tences
exerc�es d�pendent du contexte de pratiques sociales, des r�gles du jeu
et des valeurs qui orientent et finalisent l'activit�. Le contexte est
consid�r� comme un champ d'interactions entre des dispositifs
mat�riels, symboliques et sociaux qui sert de cadre pour penser
l'action et lui donner une forme socialement acceptable. Ainsi les
capacit�s mobilis�es sont indissociablement li�es au contexte cognitif
et social de r�alisation.
D�s lors deux types de questions se posent
: d'abord, comment se fait-il, si l'on suppose que les comp�tences sont
sp�cifiques aux t�ches � r�aliser, que persiste l'id�e selon laquelle
il existerait des "connaissances ou comp�tences g�n�rales", des "strat�gies
g�n�rales de r�solution de probl�mes" ou encore des "comp�tences
transversales" ? De m�me que persiste solidement ancr�e dans les
croyances l'id�e qu'un "transfert"
d'un contexte � l'autre soit ais� alors qu'il est le plus souvent
probl�matique. M�me, les auteurs de m�thodes de rem�diation cognitive
temp�rent leur enthousiasme initial en constatant l'�troitesse de cette
zone de transfert � l'int�rieur d'une m�me famille de t�ches (7).
Se pose ensuite la question de l'�valuation des comp�tences : Comment
�valuer une comp�tence autrement qu'en faisant ex�cuter la t�che ?
Comment une m�me comp�tence peut-elle �tre � l'origine de niveaux de
performance diff�rents chez le m�me individu ? A quoi est d� l'�cart
�ventuellement constat� : � la t�che, � l'�l�ve ou au contexte ?
Comment peut-on �tre s�r qu'une erreur
ou une r�ponse ("bonne" ou "mauvaise" d'ailleurs) t�moigne d'un
fonctionnement cognitif correspondant au niveau de comp�tence requis ?
En mati�re d'enseignement, la question des comp�tences est rarement
envisag�e du point de vue du contexte : lieu o� se construisent et
s'actualisent les comp�tences. Les comp�tences sont davantage
envisag�es du point de vue de leur �valuation, ind�pendamment du
contexte.
R�f�rentiel de comp�tences
Un
r�f�rentiel de comp�tences pr�sente un inventaire complet de
comp�tences � r�aliser dans des domaines d'actions pr�d�finis. Il
existe deux types de r�f�rentiels :
- Le r�f�rentiel de comp�tences professionnelles
qui inventorie les domaines d'activit�s professionnelles et les
comp�tences requises. Dans les ann�es soixante dix ces "r�f�rentiels
m�tier" ont inspir� d'abord l'organisation des programmes de
l'enseignement technique, ensuite ils ont nourri les r�flexions
relatives aux programmes de biologie, de physique et de fran�ais.
Actuellement, la r�flexion concerne l'ensemble des disciplines
scolaires. En ce qui concerne les enseignants, le Minist�re a r�cemment
publi� des r�f�rentiels de comp�tences pour les professeurs des �coles
(8) et pour les professeurs de coll�ges et
lyc�es (9).
Ici la notion de comp�tence est li�e � la question des nouvelles
qualifications professionnelles auxquelles sont form�s les futurs
professeurs dans les IUFM.
- Le r�f�rentiel du dipl�me assure une fonction
certificative
et permet d'�valuer au terme de la formation si l'�tudiant est capable
de mobiliser les comp�tences requises dans les domaines de r�f�rence
d�finis. Utilis� pour les CAP, BEP, Bac professionnel, BTS le
r�f�rentiel dipl�me fait son apparition pour la validation de la
formation des professeurs des �coles (10)
et des personnels pr�parant le certificat d'aptitude aux actions
p�dagogiques sp�cialis�es d'adaptation et d'int�gration scolaires
(CAPSAIS) (11).
D'une fa�on g�n�rale, en amont, les r�f�rentiels de comp�tences font
l'objet d'une concertation entre divers degr�s de la hi�rarchie
institutionnelle, lors de la conception. En aval, le r�le qui leur est
d�volu est celui de "contrat de formation " qui doit s'instaurer
entre les divers partenaires. Ils constituent enfin le fondement sur
lequel s'appuie toute �valuation externe.
Savoirs
On entend g�n�ralement par savoir
le corps de connaissances historiquement �labor�, stabilis� et valid�
socialement. Ce corps de savoirs est constitu� par l'ensemble des
th�ories existantes ou des �uvres (litt�raires, scientifiques,
techniques, artistiques...) diffus�es par diverses institutions, et en
particulier par l'institution scolaire qui transmet les "classiques"
(Racine, Moli�re, la loi de Mariotte, le principe d'Archim�de, la
structure de l'ADN, la th�orie de la relativit�...) et permet ainsi aux
�l�ves d'instrumenter les �l�ments de cette culture. Ces savoirs ne
peuvent �tre confondus ni avec l'information - mati�re premi�re
mise en forme et pouvant constituer le contenu d'un message ("il
pleut")- ni avec les connaissances
- ce que l'individu est appel� � construire en interagissant avec une
situation ou un objet de savoir. La connaissance ainsi construite
d�pendra � la fois de ce que sait d�j� le sujet sur la question et des
contraintes de la situation. Ces connaissances sont relatives aux
objets de savoir et aux conditions de leur �laboration.
Savoirs scolaires
L'�cole transmet des savoirs enseign�s qui ne sont ni des savoirs
savants ni des savoirs simplifi�s, mais des savoirs scolaires
sp�cifiquement reconstruits pour �tre transmis. La th�orie de la
transposition didactique (12)
rend compte de ce processus de transition, de fabrication et de
transmission de contenus scolaires. Les savoirs scolaires pr�sentent
une double sp�cificit�. D'une part, l'�cole transmet des savoirs
objectiv�s et socialement valid�s (voir supra) sous forme d'�criture.
Le caract�re scripturalis� de ces savoirs suscite une activit�
r�flexive et normative sur les connaissances � apprendre. D'autre part
ces savoirs sont d�personnalis�s et d�contextualis�s, car ils ont
justement conquis leur autonomie et leur conservation par l'�criture.
Aussi, leur transmission consiste-t-elle � proc�der � une
re-personnalisation et � une re-contextualisation. Les savoirs
scolaires font n�cessairement l'objet d'une "mise en sc�ne" au sein
d'un processus d'enseignement-apprentissage qui offrent un mode
de questionnement particulier (13).
Il en est ainsi du T.P. de physique, par exemple, o� les connaissances
sont mises en jeu dans le cadre d'une activit� scientifique
reconstitu�e.
L'usage des comp�tences par l'institution scolaire
Comme
nous l'avons vu, l'institution scolaire se pr�occupe davantage de
l'�valuation des comp�tences que de leur contexte de mise en �uvre.
Dans cette perspective elle propose un triptyque
capacit�-comp�tence-objectif qui permet de situer la notion de
comp�tence. Chaque capacit� est subdivis�e en comp�tences, chacune
d'elles est d�compos�e en objectifs, chacun d'eux correspondant � une
t�che. Il s'agit ainsi de mesurer les savoir-faire de m�thode
afin de savoir si les �l�ves ma�trisent
ou pas telle notion ou tel outil ; les connaissances et les savoirs ne
faisant pas l'objet d'�valuation. Ce d�coupage appelle trois remarques :
•
Alors que pour les scientifiques la notion de comp�tence constitue une
cat�gorie pour le moins floue ou mal d�finie, l'institution produit un
"effet de r�alit� " : d�s l'instant o� elle peux nommer, r�pertorier,
classer, mesurer des comp�tences, ces derni�res existent et, de
surcro�t, elles existent sous une forme organis�e. En effet,
l'institution scolaire propose un ordre selon lequel ces comp�tences
sont suppos�es se succ�der et donc s'acqu�rir dans le cursus scolaire.
Cette repr�sentation quantitativiste des comp�tences ne correspond pas,
ici non plus, aux conceptions scientifiques actuelles pour lesquelles
les comp�tences cognitives se d�veloppent (i) de fa�on relativement
autonome les unes des autres et non selon un ordre chronologique
d�termin� ; (ii) � travers l'apprentissage de contenus de savoirs
particuliers et dans des situations de mise en �uvre (mat�rielle,
symbolique, technique et sociale) vari�es ; (iii) sur une longue
p�riode de temps d�passant le temps de la scolarisation (14).
Pour l'institution scolaire, la comp�tence ne recouvre pas
n�cessairement les dimensions cognitives, il s'agit plut�t d'une notion
construite afin d'assurer une gestion administrative du syst�me
�ducatif et de red�finir ses finalit�s.
• Fond�e sur la p�dagogie de ma�trise qui atteste si
l'�l�ve
est comp�tent ou pas pour r�aliser la performance attendue (15),
l'�valuation se veut formative.
C'est � dire que l'�l�ve doit apprendre � ma�triser telle technique ou
tel savoir-faire. La question qui se pose ici est celle de l'apprentissage
du sens
lorsque ce dernier est affranchi des connaissances et des savoirs.
S'agit-il d'un apprentissage qui serait l'expression de capacit�s
pr�existantes et non d'un processus de construction de connaissances
nouvelles? N'est-on pas en train de ramener des processus
d'apprentissage (comprendre, raisonner, inf�rer, d�duire...) � des
processus de traitement de l'information (coder, d�coder,
identifier, classer...) et � �craser l'apprentissage du sens au profit
d'une p�dagogie par objectifs ? La "Formation par
l'information " actuellement pr�n�e dans les lyc�es professionnels
(16)
t�moigne-t-elle d'une orientation actuellement dominante ou d'exigences
intellectuelles diff�rentes selon l'enseignement g�n�ral, technique
(17) ou agricole (18)?