Être et avoir: un film de Nicolas Philibert
Dossier pédagogique
Niveau: bac

(Dossier et cours interactif sur le système scolaire)
(cf.aussi la fiche pédagogique de Denise Buntincx)

Synopsis

Un peu partout en France, il existe des écoles à classe unique qui regroupent, autour du même maître,  tous les enfants d'un même village, de la maternelle au CM2. Celle du film de Nicolas Philibert se situe en pleine Auvergne dans le département du Puy-de-Dôme (63) à Saint-Étienne-sur-Usson et réunit des élèves de 4 à 11 ans. De décembre 2000 à juin 2001, ce documentaire suit la vie quotidienne de ces enfants et de leur Maître au plus près de leur travail, explorant tour à tour leurs doutes, leurs difficultés et leurs enthousiasmes. Et comme pour toute œuvre dramatique, il a fait de Jojo, Marie, Olivier, Nathalieet les autres de vrais personnages, rieurs, tristes ou  renfermés. Tous héros d'un émouvant film sur la transmission du savoir.
 

 
Sensibilisation de l’apprenant au sujet du cinéma / sondage / tour de table / remue-méningnes

            Quel rôle et quelle importance le cinéma joue-t-il dans la vie de l’apprenant? - Download-Word

  1. Est-ce que vous allez souvent au cinéma?
  2. Quel est votre film préféré?
  3. Quand avez-vous été pour la dernière fois au cinéma?
  4. Quel film avez-vous vu?
  5. Quel était le thème du film?
  6. Est-ce que le film vous a plu / déplu? Dites pourquoi.
  7. Conseilleriez ou déconseilleriez-vous ce film?
  8. Diriez-vous que vous êtes cinéphile?
  9. Lisez-vous des critiques sur les nouveaux films qui sortent?
  10. Vous laissez-vous conseiller par vos amis?
Personnaliser l’apprentissage et attirer l’attention sur le thème
en suscitant des émotions par des souvenirs, des associations d’idées 
  1. Parlez de vos expériences à l'école maternelle et à l'école primaire.
  2. Raconter une anecdote personnelle sur le thème.
Introduction de moyens langagiers et culturels
  1. Dresser une liste de vocabulaire associé au thème de l'école, puis, sous forme d'un exercice en chaîne, inventez une histoire.
  2. Expliquez le système scolaire français de la maternelle au CM2 et comparez-le avec le système scolaire de votre pays. Puis expliquez et comparez le modèle allemand et français jusqu'au baccalauréat.
  3. Êtes-vous pour ou contre une école qui fonctionne toute la journée?
  4. Un mot du réalisateur: Il existe encore, un peu partout en France, ce qu'on appelle des "classes uniques" : de ces classes qui regroupent, autour du même maître ou d'une institutrice tous les enfants d'un même village, de la maternelle au CM2. La vie de tous les jours, pour le meilleur et pour le pire. C'est dans l'une d'elles, quelque part au cœur de l'Auvergne, que s'est tourné ce film. -  Quels problèmes pédagogiques et sociaux peuvent résulter des classes uniques? Notez quelques idées, puis dressez une liste et discutez-en en plenum.
La classe unique
Les avantages
Les inconvénients
1. 1.
2. 2.
3. 3.
4. 4.

 
 
Activités avant la projection du film:
La photo comme source d’activités à l’oral comme à l’écrit
( observer, associer, classer, deviner, anticiper, formuler des hypothèses, etc.)

Une photo est un témoignage d’un moment de vie. C’est un document spécifique et unique qui apporte des impressions que les mots ne peuvent pas toujours exprimer. La photo stimule l’imagination. En cela, elle est un support précieux dans la classe puisqu’elle suscite des émotions, des questionnements, est source de créativité et d’expression.


Sorti le 28 août 2002


  1. Avec votre souris, passez sur la photo et notez l'avis de Philippe Descottes sur le film.
  2. Décrivez la photo.
  3. Qu'évoque-t-elle?
  4. Comment interprétez-vous le regard du petit garçon et quel pourrait-être son caractère? Énumérez quelques adjectifs en vous servant du dictionnaire des synonymes.
  5. Comment se sent-il?
  6. A qui montre-t-il ses doigts?
  7. Imaginez une légende sous la photo et/ou un slogan publicitaire.
  8. Quelle pourrait-être la signification du titre?
  9. Inventez un dialogue entre le père et la mère:: Qu'est-ce que le graçon vient de faire? Quelle bêtise a-t-il pu commettre?
  10. Contemplez les photos alignées ci-dessous. Puis passez avec la souris sur la photo d'Axel, de Laura et d'Alize et notez les commentaires. Puis inventez une légende pour les autres photos.
  11. En tandem, décrivez le déroulement d'une journée d'un(e) élève de votre choix du levée au coucher.


http://chipsquaw.free.fr/etreetavoir/index_2.html
 
Axel, 6 ans   Laura, 7 ans   Alize, 3 ans  Jonann, 4 ans  Guillaume, 9 ans Jessie, 4 ans Julien, 10 ans
             






 
Jojo, 4 ans Marie, 4 ans  Jonathan, 10 ans Létitia, 4 ans Nathalie, 11 ans Olivier, 10 ans  

 
Lecture d’un texte / repérage d’informations /  travail en autonomie ou en équipe / expression écrite et/ou orale / remise des résultats en plenum

De Groote, Jean-Yves : Être et avoir - un film de Nicolas Philibert. In : Écoute 1 (2003) : 66-67.

1Pas d'intrigues, pas d'effets spéciaux, pas de comédiens, et même pas d'histoire!
Paradoxalement, c'est justement là tout l'intérêt de cette superbe production qui ressemble davantage à un documentaire qu'à un film. Être et avoir nous promène dans des paysages champêtres de l'Auvergne mais surtout, il nous montre le quotidien, les conflits, les espoirs, les rires et les petits drames de Jojo, de Jessie, de Guillaume... en tout, de 13 galopins âgés de trois à onze ans, tous aussi touchants d'innocence que de fraîcheur. Leur point commun - ils partagent tous la classe unique de Georges Lopez, instituteur de la petite école du village de Saint-Étienne-sur-Usson.
Le maître d'école, M. Lopez, est un homme dont, visiblement, l'enseignement est la vocation. Il aime sa classe, son travail et «ses» enfants. La patience, la tendresse et l'humanité avec lesquelles il s'occupe de ses diablotins en culottes courtes et aux mains tachées d'encre nous font penser avec émotion à notre âge tendre.

2Trouver et convaincre
C'est lors de repérages en vue de réaliser un film sur le monde rural et le désarroi du milieu agricole, que l'envie est venue au réalisateur, Nicolas Philibert, de filmer plutôt la vie d'une école à la campagne. «Depuis longtemps, j'avais à l'esprit l'idée d'un film autour de l'apprentissage de la lecture, du calcul et de la vie.» Quatre mois durant, le réalisateur se met à la recherche d'une école qui l'inspire. L'ambiance de la classe du village de Saint-Étienne-sur-Usson, dans le Massif central, et la personnalité du maître, Georges Lopez, le séduisent. Le choix est fait.

3Les enfants et leur instituteur acceptent immédiatement la proposition d'être les sujets du prochain film de Nicolas Philibert. Quant aux parents, avertis que les bambins «ne seraient pas filmés à part égale ni montrés dans les situations les plus gratifiantes», ils se montrent malgré tout , enthousiastes. Huit jours plus tard, une équipe de six personnes débarque à l'école.

4Observer et émouvoir
La fraîcheur d'Être et avoir vient sans doute de l'objectivité de la caméra. Elle n'est qu'un témoin neutre. Nicolas Philibert précise qu'il n'a cherché ni à dénoncer, ni à tomber dans le sentimentalisme. Son but était de «faire naître une émotion, de susciter l'imaginaire.» Et de rajouter : «Filmer un enfant qui regarde les mouches voler est plus intéressant que de filmer des situations pédagogiques.»

5Mais le film, qui a connu un gros succès en France avec plus d'un million d'entrées, doit en majeure partie sa réussite à la discrétion de l'équipe de tournage qui a réussi à s'intégrer parfaitement dans la classe, à établir une relation de confiance avec les enfants, et à se faire oublier d'eux durant les six mois de tournage. Une gageure lorsque l'on connaît les difficultés techniques rencontrées : pas d'éclairage pour ne pas perturber les élèves, prise de son assurée par un seul perchiste (qui ne savait pas à l'avance qui allait parler), et enfin vigilance de tous les instants afin d'éviter les reflets de l'équipe sur les fenêtres ou le tableau.

6À propos de ce film sans prétention mais d'une fraîcheur roborative, la critique Sophie Grassin écrivait à juste titre dans Première : «Être et avoir redonne confiance dans l'être humain. Avouez que, pour un film, ce n'est pas rien!» Nul doute que M. Lopez, considéré maintenant en France comme le pendant masculin d'Amélie Poulain, va susciter bien des vocations...

7Pour découvrir d'autres films de Nicolas Philibert
Un coffret DVD paru aux éditions Montparnasse reprend quatre des précédents films-documentaires de Nicolas Philibert, spécialiste du genre. Ceux-ci sont également disponibles à l'unité.
La Ville Louvre (1989) : Un film sur l'activité nocturne du célèbre musée.
Le Pays des sourds (1992) : Un film qui décrit le quotidien des personnes atteintes de surdité.
Un Animal, des animaux (1994) : Un documentaire sur la réouverture de la galerie «zoologie» du Museum national d'Histoire naturelle.
La moindre des Choses (1996) Des pensionnaires et des soignants d'une clinique psychiatrique montent une pièce de théâtre.
 

  1. En quoi le film se distingue-t-il des autres films traditionnels?
  2. Où le film se déroule-t-il?
  3. Trouvez un autre mot pour les villages champêtres. Faites une recherche avec un dictionnaire des synonymes.
  4. Qu'est-ce que le film veut nous montrer?
  5. Quel âge les enfants ont-ils?
  6. Comment sont ces enfants?
  7. Cherchez tous les mots pour enfants et employez-les dans une phrase. Consultez aussi un dictionnaire des synonymes.
  8. Dressez le portrait du maître en utilisant un maximum d'adjectifs qualificatifs.
  9. Comment le scénariste en est-il arrivé à tourner ce film?
  10. Quel a été son objectif?
  11. Quel travail de recherche le réalisateur a-t-il effectué?
  12. Pourquoi a-t-ill choisi le Massif central?
  13. Quels étaient ses desiderata?
  14. Á quoi la réussite du film est-elle dû?
  15. Cherchez dans le texte l'équivalent des mots suivants (les verbes à l'infinitif, les noms avec l'article)
a) situation compliquée et embarrassante; liaison amoureuse; ensemble des événements qui forment le noeud d'une pièce de théâtre, d'un roman, d'un film: une intrigue
b) ce qui a lieu chaque jour: le quotidien
c) avoir de l'affection pour qn.; attachement, sentiment fondamental de sympathie: la tendresse
d) une vive inclination pour une profession: la vocation
e) le monde rurale: champêtre
f) un synonyme pour galopin: diablotin
g) une situation satisfaisante: gratifiant
h) arriver à l'école: débarquer
i) faire naître quelque chose en soi: susciter
j) redoubler d'attention: la vigilance
k) plus: davantage
l) c'est sûr que: nul doute que
m) personne qui certifie qqch.; personne qui assiste à un événement, un fait: un témoin
n) additionner, soustraire, diviser: le calcul
o) un autre mot pour enfant: le bambin
p) technicien qui tient la perche à son: le perchiste

  Les réponses: a) b) c) d) e) f) g) h) i) j) k) l) m) n) o) p)
 
 
 Réemploi du matériel langagier avec "Hot Potatoes"

Compréhension orale / lecture ciblée et révision du vocabulaire avec "Hot Potatoes" / travail en autonomie avec corrigé

 
Activités pendant le visionnement du film: 
Chaque apprenant devient spécialiste dans un domaine dont il sera responsable lors de l’exploitation du film (décor, un personnage, la caméra, un épisode, etc.

 

Jojo, 4 ans

Marie, 4 ans

Létitia, 4 ans

Axel, 6 ans

Julien, 10 ans

Olivier, 10 ans

Nathalie, 11 ans

Le Maître, Monsieur Lopez
Activités après la projection du film
Premières impressions et compréhension globale 
l'école
classe à l'extérieur 1
classe à l'extérieur 2



classe á l'extérieur 3
© Les Films du Losange, classe à l'extérieur 4
classe 1



© Les Films du Losange, classe 2
classe 3
classe 4



classe 5
classe6
classe 7



classe 8 
© Les Films du Losange, classe 9
© Les Films du Losange, classe 10




la neige 1
la neige 2
 

 
Compréhension détaillée et interprétation 
Compréhension orale et expression écrite avec corrigés
Les images parlantes
L'avis de la presse et du spectateur
  1. Je m'appelle Jojo et ... j'ai 4 ans...
  2. Je m'appelle Julien et ... j'ai dix ans...
  3. Je suis ... le Maître dans cette classe unique ...
Expression écrite 
L'avis de la presse et du spectateur
Entretien avec le réalisateur
Articles parus dans Le Monde et L'Humanité
Créativité

Exemples d’activités:

Synthèse



Entretien avec le réalisateur Nicolas Philibert


1. L'idée du film 2. L'école 3. La classe  4. La classe (2) 5. Le maître 6. Les parents 7. Les enfants 8. Le tournage 9. Conclusion 10. Le titre
1. Comment est née l'idée du film ? 

Au printemps 2000, j'ai commencé à imaginer un projet sur le monde rural, et je suis parti en repérages à la rencontre d'agriculteurs au bord de la faillite... 
Mais au cours de mes prospections, l'idée d'un film sur une école de village a petit à petit pris le dessus, sans que je sache très bien pourquoi. 
C'est vrai que, depuis longtemps, j'avais envie de faire quelque chose sur l'apprentissage de la lecture, mais cette idée était restée en friche, comme toutes ces choses qu'on garde au fond de soi en attendant qu'elles vous fassent signe... 
Chez moi, le désir d'un film surgit souvent à l'improviste, d'une suite de hasards... Parfois c'est juste un son, un visage, une situation qui provoque le déclic. 
Parfois c'est un peu plus, mais disons que cela ne vient jamais d'une élaboration abstraite, d'un savoir livresque ou d'une volonté didactique. 
Bien que mes films soient des documentaires, j'essaie avant tout de raconter des histoires à partir des lieux que j'investis. En somme, par leur forme narrative, leur construction, je crois qu'ils ne sont pas si éloignés de la fiction. 


2. Sur quels critères avez-vous choisi cette école ? 

Beaucoup de gens ne le savent pas, mais il y a encore des milliers d'écoles à classe unique en France. J'ai donc commencé par déterminer une région, le Massif Central, parce que je voulais situer le film dans un secteur de moyenne montagne, où le climat serait rude et l'hiver difficile. 
Par ailleurs, il me semblait essentiel de trouver une classe comportant un effectif réduit (10 à 12 élèves), de sorte que chaque enfant soit identifiable, et puisse devenir un "personnage" du film. 
Je voulais aussi que l'éventail d'âges y soit le plus large possible - de la maternelle au CM2 - pour le climat et le charme qui émanent de ces petites communautés hétérogènes, et pour le travail si particulier qu'elles exigent de la part des enseignants. 
Et puis, tant qu'à faire, si la classe pouvait être spacieuse, lumineuse (il n'était pas question d'ajouter de l'éclairage), et si les enfants avaient de bonnes têtes, cela n'était pas de refus. 
Naturellement, je savais que beaucoup de choses reposeraient sur le choix (et les épaules) de l'enseignant, mais sur ce point pourtant déterminant, j'étais très ouvert : cela pouvait être un homme ou une femme, jeune ou moins jeune, expérimenté(e) ou non... 
Je savais qu'au bout du compte cela ne donnerait pas le même film, mais de ce côté-là je n'avais aucun a priori. 

3. Comment avez vous procédé pour trouver la classe ?

Mes recherches ont duré près de cinq mois. Au début, je m'y suis pris de façon très empirique. J'avais quelques contacts en Lozère, et c'est par là que j'ai commencé...
On était déjà mi-juin. Il me restait donc très peu de temps avant les grandes vacances. De fil en aiguille, j'ai tout de même visité pas mal de classes, fait des centaines de kilomètres sur les petites routes des Cévennes...
Partout, j'étais bien accueilli, mais aucune de ces classes ne me convenait tout à fait : ici il y avait trop d'enfants, là pas assez... Bref, début juillet, je suis rentré à Paris bredouille, mais gonflé à bloc, très soulagé par la façon dont le projet était reçu.
J'ai alors prospecté de façon plus rationnelle, plus large aussi, en m'appuyant sur les inspections académiques d'une dizaine de dépar-tements. C'était compliqué...
Il fallait forcer le barrage des secrétariats, remonter la hiérarchie, vaincre une certaine méfiance... D'autant que la formule des classes uniques, favorisée il y a encore quelques années, n'est plus vraiment en odeur de sainteté aujourd'hui, où la tendance est au "regroupement pédagogique" : tous les enfants de la maternelle dans un village, les CP-CE1 dans le village voisin, les grands (CE2, CM1, CM2) dans un troisième...
Arrivé aux alentours du 20 octobre, j'avais fini par localiser plus de 400 classes uniques, en avais contacté 300 et visité une bonne centaine. Mais aucune d'elles ne s'imposait avec évidence, il y avait toujours quelque chose qui clochait...
Ici, on allait construire un lotissement ; les bétonnières seraient en action juste en face de l'école. Là, c'était la cabine des Marx Brothers : l'espace était minuscule, les enfants entassés, et j'imaginais mal notre équipe, aussi réduite soit-elle (un chef op, un assistant -caméra, un ingénieur du son et moi) obligée de déplacer les tables avant de tourner un plan !
Là encore, l'institutrice, enceinte, serait en congés à partir du mois de mars. D'un point de vue "dramaturgique", j'étais séduit par l'idée qu'un ou une remplaçante débarque en cours d'année - et au beau milieu du film - mais les services administratifs m'ont informé qu'on ne pourrait pas savoir à l'avance qui prendrait la suite.
Devais-je courir le risque de tomber sur quelqu'un qui ne voudrait pas être filmé ?
Et voilà qu'à la veille des congés de la Toussaint, je suis entré dans l'école de ce village du Puy-de-Dôme, niché au coeur du Livradois-Forez - Saint-Étienne sur Usson - et au bout d'un quart d'heure, j'ai eu la conviction d'avoir enfin trouvé... 

 
4. En quoi cette classe vous convenait mieux que les autres ?

Outre le fait qu'elle répondait aux critères que je m'étais fixés (pas trop d'enfants, une grande diversité d'âges, etc...), j'ai d'emblée été séduit par la personnalité de ce maître chez qui j'ai perçu, sous ses airs un peu autoritaires, une profonde attention, un être délicat et pudique.
J'avais avec moi une petite caméra DV, que je sortais chaque fois que je pensais être sur une bonne piste. En prenant quelques images de sa classe, j'ai vite compris qu'il ne chercherait pas à se montrer à tout prix sous son meilleur profil, ni à en rajouter.
Pas de démagogie, pas d'esbroufe... Avec son style un peu traditionnel, j'ai senti qu'il s'imposerait immédiatement comme un personnage fort, sans pour autant tirer le film dans une direction passéiste.
Et puis il y avait ces enfants, aux visages tendus par le désir d'aller de l'avant, visages tantôt inquiets, tantôt relâchés, souvent drôles, rieurs, parfois graves, fermés, indéchiffrables... 


5. Est-ce que le maître a accepté facilement ?

Comme beaucoup d'autres avant lui, il s'est d'abord étonné qu'on puisse faire un film de cinéma sur un sujet aussi fragile : le documentaire est invariablement assimilé à la télé, au magazine et au reportage.
J'ai expliqué mon approche, précisant qu'elle tournait le dos à toute perspective didactique, n'étant pas là pour illustrer en images un propos établi à l'avance ; approche qui ne se voulait pas davantage fondée sur le pittoresque ou la nostalgie (Ah, la désertification des campagnes ! Ah, une école d'un genre en voie de disparition !), mais plutôt sur le désir de suivre au plus près le travail et la progression des enfants, de sorte que les spectateurs puissent partager leurs épreuves, leurs réussites, leurs moments de découragement...
A son tour il m'a parlé de sa classe, de son attachement à cette petite troupe qui l'obligeait encore, après 35 ans d'expérience, à adapter per-pétuellement ses méthodes de travail, sans cacher qu'il les trouvait lui-même un peu classiques, suggérant à plusieurs reprises de choisir quelqu'un de plus moderne...
Je me suis efforcé de le rassurer : je n'avais pas l'intention d'examiner à la loupe sa manière d'enseigner les fractions ou le participe passé. Bien sûr, il serait le pivot, le centre de gravité du film, constamment sous l'oeil de la caméra, mais ce qu'on retiendrait de lui, c'est une impression d'ensemble, les contours d'une personnalité.
Petit à petit, il s'est senti en confiance... A 55 ans, il lui restait un an et demi avant la retraite. Une occasion peut-être, à travers cette expérience, de finir en beauté, avant de passer à autre chose. Je lui ai proposé de réfléchir quelques jours.
Quarante-huit heures plus tard, il m'a donné son accord.

 
6. Et les parents, comment ont-ils réagi ?
























Ils ont été partants tout de suite, sans doute en raison de la confiance et du respect qu'il avaient envers ce maître installé parmi eux depuis 20 ans. Pour autant, il m'a paru indispensable de leur dire d'entrée de jeu que leurs enfants ne seraient pas filmés à part égale, ni toujours montrés dans les situations les plus gratifiantes, sans quoi il n'y aurait pas de film, du moins pas d'histoire. 
J'ai également anticipé sur la question du montage, pour dire qu'il faudrait éliminer des heures et des heures de rushes, sacrifier sans doute de belles scènes, sachant qu'un montage n'est pas un "best-off" mais une construction, qui obéit tant à ses propres lois qu'aux désirs du réalisateur...
Bref, pour écarter toute ambiguïté, je voulais affirmer d'emblée la subjectivité de mon regard et de mes choix futurs. 
Quant aux enfants, puisque nous leur avons également demandé leur accord, ils étaient fiers d'avoir été choisis, mais pour être honnête, je doute que les plus petits aient vraiment compris de quoi il s'agissait.


7. En voyant le film, on a l'impression que les enfants oublient très vite votre présence...

Le premier jour de tournage, nous avons pris le temps de leur expliquer en détail à quoi servaient tous nos appareils : la perche, le magnéto, le pied, les objectifs, la cellule, tout y est passé. Chacun a collé son oeil dans la caméra, joué avec le zoom, mis le casque sur ses oreilles...
Leur curiosité en partie assouvie, j'ai expliqué les règles du jeu : nous leur avions montré comment nous allions travailler, mais à partir de maintenant, ce serait l'inverse. Le maître a repris la classe en main, ils se sont mis au travail, nous aussi, et au bout de trois jours, nous faisions presque partie des meubles.
Naturellement, du premier au dernier jour, nous sommes restés aussi discrets que possible pour ne pas freiner la vie du groupe. Ceci étant, l'idée qu'on puisse se faire oublier me paraît absurde. Nous étions en permanence quatre dans la classe ! Du reste, le fait qu'ici ou là un enfant regarde en direction de la caméra ne me dérangeait pas.
En revanche, j'ai toujours veillé à ce que nous gardions une sorte de "neutralité bienveillante", sans quoi tout serait allé à vau-l'eau... L'un des buts du jeu étant de voir comment le maître parvenait à faire travailler simultanément 13 élèves d'âges et de niveaux différents, il n'était pas question d'aider celui ou celle qui nous demanderait un coup de main. Pas question de rire si l'un d'eux faisait le zouave, ni d'entrer dans le jeu de tel ou tel.
C'était parfois difficile, mais chacun son rôle. Pour chaque film, il faut savoir trouver la bonne distance. Ce qui vient s'imprimer sur la pellicule en est directement le reflet.
Evidemment à la récré, si nous n'étions pas en train de filmer, nous devenions leurs copains. Mais dès que la classe ou le tournage reprenait, fini de rigoler. Ils ont très vite appris à faire le distinguo.

 
8. Combien de temps êtes-vous resté dans la classe, et quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Le tournage s'est étalé sur dix semaines - réparties de décembre 2000 à juin 2001 - au cours desquelles nous avons accumulé près de 60 heures de rushes. D'un point de vue technique, c'était très difficile. Julien Cloquet était seul pour la prise de son. Il fallait couvrir toute la classe et par définition, on ne savait jamais à l'avance qui allait intervenir. Du côté de l'image, les pièges étaient innombrables, nous devions surveiller en permanence nos reflets dans les fenêtres et sur le tableau. Le choix de ne pas ajouter d'éclairage aux néons existants laissait peu de profondeur de champ et du coup, aucune marge d'erreur pour le point. 
Mais c'est dans la nature même de ce type de tournage, et cela pousse chacun à donner le meilleur de soi.


9. Le film donne l'impression d'une grande sérénité.
N'avez-vous pas le sentiment d'avoir montré une école un peu trop idyllique ?

C'est vrai que ce maître, par le climat de respect qu'il insuffle dans sa classe, renvoie une belle image de son métier ; mais je n'ai pas cherché à en faire un modèle, dont les autres n'auraient qu'à s'inspirer. Pendant mes repérages, j'ai vu toutes sortes d'enseignants.
Chacun avait son style, ses méthodes, ses petites recettes, mais presque tous m'ont donné le sentiment de s'impliquer avec ferveur dans ce qu'ils faisaient.
Idyllique ? Pour moi le film est très ouvert, il laisse à chacun la possibilité d'y projeter ce qu'il veut, notamment ses propres souvenirs d'enfance... Et en ce qui me concerne, j'y vois une certaine gravité, voire une certaine violence, même si celle-ci demeure contenue.
Avant de faire ce film, je crois que j'avais oublié à quel point il est difficile d'apprendre, mais aussi de grandir. Cette plongée à l'école me l'a rappelé avec force. C'est là, peut-être, le vrai sujet du film.

  10. Le titre
Quant au choix du titre - Etre et avoir - il s’est opéré dans l’urgence et est provisoire. En  tous cas, en faisant référence aux deux verbes auxiliaires de la langue française, Nicolas PHILIBERT résume parfaitement la vie d’une classe unique. 

Articles de presse:
Un article tiré du journal "Le Monde"
JEAN-MICHEL FRODON © LE MONDE . EDITION DU 20 MAI 2002.
Site web : http://www.lemonde.fr

« Nicolas Philibert, le cinéaste de l'invisible »
Le réalisateur présente à Cannes son documentaire « Etre ou avoir », regard attentif et chaleureux sur une classe unique de primaire
AVEC son petit chapeau et sa moustache blonde qui dégénère en barbe mal rasée autour de ses yeux bleus et rieurs, il a plutôt l'air d'un pêcheur du port de Cannes tout proche que d'un cinéaste invité par le Festival. Si Nicolas Philibert ne cultive ni le look artiste ni la recherche vestimentaire, il n'affirme pas moins à qui lui demande quelle est son activité : « Je fais des films. » Des films, pas « des documentaires », même si techniquement la quasi-totalité de son oeuvre (une quinzaine de titres de toutes durées depuis un quart de siècle) relève de ce domaine. Documentaire où s'affirme une singularité de regard et de style, Etre et avoir, présenté en séance spéciale dans la sélection officielle, suscite chez Philibert le regret qu'il ne soit projeté que dans la « petite » salle Buñuel : « j'aurais rêvé d'être dans une grande salle, le film gagne à être vu par beaucoup de spectateurs ensemble. »

Il l'a déjà été, par les exploitants des salles Art et Essai, qui l'ont plébiscité, tout comme les représentants des grands circuits, eux aussi enthousiasmés par cette description attentive et chaleureuse du fonctionnement d'une classe unique dans un village du Massif central. Avec ce qui semble les moyens les plus élémentaires, c'est un chant magnifique et puissant qui s'élève, à tout ce qui contribue à ce que les humains vivent dignement ensemble. Nicolas Philibert se réjouit de l'accueil unanime que suscite son film, à un moment où il ne semble pas superflu de rappeler clairement les valeurs essentielles de la démocratie.

Mais il y accorde moins d'importance qu'à la véritable avant-première du film, à Clermont Ferrand : il n'y a pas de cinéma à Saint-Etienne-sur-Usson pour montrer aux enfants et à leurs parents ce qu'il avait filmé au cours des dix semaines, réparties entre décembre 2000 et juin 2001, où il avait filmé. Leur accueil et celui de l'instituteur, qui est la figure centrale d' Etre et avoir, ont rasséréné un cinéaste qui dit accorder une extrême importance à « ce qu' [il] laisse derrière [lui], une fois le tournage achevé » : « Je m'empare un petit peu de la vie des gens, il faut leur restituer quelque chose ensuite. » Il a aujourd'hui une occasion d'y revenir en préparant la prochaine édition de quatre de ses longs métrages ( La Ville Louvre, Le Pays des sourds, Un animal, des animaux et La Moindre des Choses ) en DVD. S'il a choisi de filmer un « coup de gueule » d'Emmanuelle Laborit en complément du Pays des sourds, le bonus de La Moindre des Choses est constitué d'une conversation avec Jean Oury, le cofondateur (avec Félix Guattari) de l'institut de psychiatrique de La Borde.

Le cinéaste se souvient y être venu pour la première fois plutôt réticent à l'idée de filmer dans ce milieu. Au terme d'une longue visite, Jean Oury constatant sa réserve lui avait dit qu'il la comprenait : « Ici, il n'y a rien à voir. Mais, si un jour vous avez envie de filmer l'invisible, vous serez le bienvenu. » « Un cinéaste ne résiste pas à un tel défi », sourit Philibert, avant de souligner que La Moindre des Choses n'est pas un film sur la folie ou sur La Borde, pas plus qu' Etre et avoir n'est un film « sur » l'école ou les classes uniques. « Je me méfie beaucoup des sujets. Lorsqu'on sait à l'avance ce qu'on veut filmer, ça n'a aucun intérêt, on ne fait pas du cinéma, tout au plus de l'illustration. Je ne fais pas de films en position d'expert, du haut d'un savoir préconçu. A la limite, moins j'en sais, mieux je m'en trouve. Pour tourner Le Pays des sourds, je n'ai pas rencontré de spécialistes ni lu d'ouvrages savants sur la question. Mais j'ai appris le langage des signes. »

Cette disponibilité flottante aux sollicitations du monde, le réalisateur avait rêvé de la pousser encore plus loin en proposant à Arte, qui produit la série « Voyages, voyages », d'aller tenir un journal filmé dans une ville choisie par hasard : « Ils ont refusé. Pourtant, n'importe où il y a à voir, à comprendre, à raconter. » Sur ses tournages, cette présence-absence passe par la recherche de la « bonne distance, tout se joue là ». Cette bonne distance - qui n'a rien d'un nombre d'or : « chaque cinéaste a la sienne, qui définira son style » - est affaire de construction, de rapports humains, autant que de position dans l'espace. Avec son opérateur et son preneur de son, le réalisateur n'a pas cherché à se faire oublier des enfants et du maître pour filmer, mais a établi ouvertement les règles d'un travail, le sien, articulé à un autre travail, le leur.

Histoire de rencontres

Fils d'un prof de philo fou de cinéma (il en sera un des premiers enseignants, à la fac de Grenoble, à la fin des années 1960), le jeune Nicolas n'était pas destiné, malgré des débuts prometteurs, à rester un cancre. Après une licence de philo, il devient stagiaire sur un film magnifique et méconnu du début des années 1970, Les Camisards, de René Allio, aussi formateur par son sujet que par ses conditions de fabrication. Ensuite, « ce fut affaire de rencontre, de belles rencontres... », dit le cinéaste, employant le même terme que pour justifier un projet de film ou le lieu et les gens avec lesquels il le mettra en oeuvre.

Sur ce chemin à la fois désiré et accepté, parcouru comme il parcourut jadis selon ses propres géographies la mémoire picturale dans La Ville Louvre, balisé par l'éternelle préoccupation du « vivre ensemble », qu'il s'agisse de la petite troupe de théâtre de Qui sait ou de la communauté d'une école et d'un village, le cinéaste n'en finit pas de bouger, même s'il se défie des explicitations trop affichées. Il reconnaît que lui, qui ne « comprenait rien à la technique », est devenu son propre monteur, sur film puis, désormais, sur ordinateur, tout comme il est devenu son propre cadreur. Il est aussi en train, après plus de dix ans de responsabilités au sein de la Société des réalisateurs de films, le syndicat des cinéastes, de s'en éloigner : « Je ne suis définitivement pas un militant. »

Il préfère poser des questions que donner des réponses, et surtout écouter. Pour relancer la parole de Jean Oury, il a proposé à celui-ci une liste de mots que le psychiatre affectionne. Parmi eux, certains comme « connivence » ou « hétérogénéité » conviennent bien aussi à Nicolas Philibert.


Un article tiré du journal "L'Humanité"
MICHEL GUILOUX © L’HUMANITE . EDITION DU 20 MAI 2002.
Site web : http://www.humanite.presse.fr/journal/

" Au revoir Monsieur "
Nicolas Philibert a suivi une classe unique durant six mois. Remarquable de justesse.
A Saint-Etienne du Usson, dans le Puy-de-Dôme, il y a suffisamment d'enfants pour que l'école ne soit pas fermée mais pas assez pour plusieurs classes. C'est donc l'instituteur, monsieur Lopez, qui a charge de la classe unique dans laquelle les enfants sont réunis en trois groupes distincts, les " tout-petits ", les " petits " et les " grands ". Nicolas Philibert a choisi de venir là en plein hiver, par quoi débute le film en de superbes plans de forêts et routes enneigées puis le petit visage penché d'une de ces écolières sur la vitre du car de ramassage quotidien. Le décor ainsi planté isole encore plus l'école où nous allons pénétrer.

L'auteur, entre autres, de la Ville Louvre (1990), du Pays des sourds (1992) ou de La moindre des choses (1996) a toujours opté pour le plan fixe et les surprises de ce que ses acteurs, les petits comme le grand, ici, vont lui offrir. Elles ne manquent pas. On fera connaissance avec Alizé, Axel, Guillaume, Jessie, " Jojo ", Johann, Jonathan, Julien, Laura, Létitia, Marie-Elisabeth, Nathalie, Olivier, sans oublier Georges (Lopez), communément appelé " monsieur ".

On assistera à des échappées dans le cadre familial - qui offrent de savoureux moments de désarroi parental devant les nouvelles méthodes d'apprentissage ou la mémoire difficile de ce que l'on doit apprendre à cet âge-là. Et le temps passe doucement, mais trop vite pour le spectateur chez qui le film peut agir à plusieurs niveaux. Le moindre n'étant pas ses propres souvenirs ou expériences auxquels renvoient ces petites bouilles en train de découvrir le lire, écrire, compter. Avec Etre et avoir, Philibert témoigne, encore une fois, d'une rare qualité d'ouverture et d'écoute. Son film parvient à cerner l'enfance, avec une sensibilité rare à ce qui se joue dans ces instants de la vie et jusque dans la souffrance masquée. Cette sensibilité est celle de Philibert mais aussi, et c'est un autre aspect crucial du film, d'un instit' qui a de la bouteille et déploie des trésors de vigilance, d'écoute et d'attention. On a aussi là un beau portrait de fils d'immigré espagnol devenu un de ces instituteurs pour qui il ne s'agit pas de considérer l'enseignement comme un moule, et les têtes, blondes ou pas, comme des réceptacles à remplir de force.

L'apparente modestie de son dispositif est à l'image d'une écriture légère, presque flottante si l'on voulait établir un parallèle avec l'écoute psychanalytique, avec laquelle le cinéaste partage un sens aigu de la bienveillance humaine.



L'avis de la presse
http://www.allocine.fr/film/critique_gen_cfilm=35962&affpress=0.html

Les Echos - Annie Coppermann
Mine de rien, ce très joli film est aussi, derrière sa tendresse et sa limpide simplicité, un film utile.

Le Monde - Jacques Mandelbaum
On peut à cet égard classer raisonnablement la scène des adieux au professeur comme une des plus belles fins de l'histoire du cinéma.

Chronic'art - Jean-Philippe Tessé
La plénitude du film naît de son hors champ : Etre et avoir y embrasse rien moins que le monde entier et le cycle du temps. Le monde qui attend les petits apprentis, le temps qui s'écoule et les façonne pour d'autres aventures. La fin de l'année est là, le maître est au bord des larmes, tout le monde se dit au revoir. Les grands partiront, des nouveaux arriveront, et, si l'on en croit Jojo qui apprend à compter, l'infini est à portée de leurs doigts tâchés d'encre, éternellement multicolores.

Le Point - Olivier De Bruyn
Passionnant de la première à la dernière seconde. Un grand film, tout simplement !

Première - Sophie Grassin
Etre et avoir redonne confiance. (...) Confiance - pourquoi ne pas oser le dire ? - dans l'être humain. Avouez que, pour un film, ce n'est pas rien.

Télé Obs Cinéma - Bernard Achour
(...) Nicolas Philibert parvient non seulement à capter le miracle insaisissable et quotidien de la vie, mais à donner dans un même élan les clés d'un avenir auquel nous aspirons tous.

Les Inrockuptibles - Amélie Dubois
Un film drôle et grave, émouvant et captivant.

Positif - Eithne O'Neill
Prises de vue et bande-son s'illuminent de discrétion.

Les Cahiers du Cinéma - Vincent Malausa
La simplicité du dispositif, affranchie de tout propos didactiques, fait toute la fragilité du dernier film de Nicolas Philibert.

Libération - Didier Péron
Etre et avoir est d'entrée de jeu coincé entre l'imagerie d'Epinal républicaine (la transmission heureuse et égalitaire du savoir) et la mièvrerie "rigolote" des minauderies enfantines (la menace Ecoles des fans). On sent bien que ce double écueil, ou risque, à la fois intéresse Nicolas Philibert comme handicap à surmonter et le limite.



L'avis des spectateurs
un visiteur
Film émouvant, sensible, juste, empathique... redonnant du sens à la vie en classe, en groupe... redonnant du sens à la vie !

un visiteur
Super! Un film (eh oui, c'est le terme que j'ai envie d'utiliser...) qui nous sort de l'ordinaire des films qui sont squattés par les ACTEURS. Ici, pas d'acteur, mais la vie. Des arrêt, des pauses sur du vécu. Pas de vitesse, d'abrutissement d'image défilantes, pas de souffle coupé mais une respiration sur une classe telle qu'elle peuvent exister encore, même si ce n'est pas le cas en région parisienne. Mais je comprends qu'il y ait beaucoup de commentaire autour de ce film. Il nous renvoie aussi à notre condition de spectacteur, et d'acteur de notre propre vie...(parce que l'instit finalement, il a un sens à sa vie, et quel générosité, derrière sa rudesse !). Le prof pas trop pédago, ben oui, ça existe. Ca m'a un peu dérangé, honnêtement, mais bon c'est la vie... La VIE, c'est pas du cinéma...

un visiteur
A voir absolument, 104 minutes de bonheur pour un documentaire qui ne se veut pas le reflet de l'école en général mais d'une école à classe unique.

un visiteur
C'est un film touchant, plein de charme en fait un vrai bonheur. Ce genre de cinéma où la vie joue son propre rôle nous rappelle que la simplicité et le réalisme peuvent encore nous émouvoir.

un visiteur
Les gens qui n'ont pas aimé ce film devraient retirer les oeillères qui les plongent directement sur leur nombril ! Ce film est un ravissement, une bouffée d'air à notre violence citadine. Merci encore.
Julia

un visiteur
Que du bonheur !
Quand on imagine les difficultés techniques qu'il y a à filmer des enfants, on est en que plus admiratif. Du cinéma qui n'affiche pas "La loi au dessus des lois" mais qui pourrait afficher "du ciné au dessus de la médiocrité des flingues".

un visiteur
Un magnifique documentaire où on ressent beaucoup d'émotions et de grands fous rires.

un visiteur
Un délice, une gourmandise... D'une fraîcheur, d'une sincérité, d'une beauté naturelle et simple... Un moment de cinéma époustouflant !
Je retiens surtout la profondeur du film, tous les moments d'exception qu'il nous offre, ces merveilleuses touches d'humanité que dispense M. Lopez, cet instituteur d'une si belle qualité d'âme... Et puis il y a "Jojo" (celui qui figure sur l'affiche) et tous les autres, avec leurs rires et leurs drames... Vraiment, un régal !
Le film s'ouvre sur une tempête de neige, lors d'un hiver très rigoureux... Les vaches sont quelque peu récalcitrantes... Il y a de la nervosité dans l'air... Puis tout se calme. On entre pour la première fois dans la classe. La pièce semble vide. Les chaises sont sur les tables... On sent qu'ici il fait chaud, il fait bon. Plan fixe... et tout à coup, au détour d'une allée, une tortue, puis deux, qui avancent lentement, si lentement. Ici, tout est calme et sérénité. On est au coeur de l'amour pur... d'un maître pour ses élèves...

un visiteur
IL était une fois un gentil film, qui n'avait aucune raison de marquer les esprits. Ce n'était pas la dernière production du réalisateur à la mode, ni un film innovateur en matière d'effets spéciaux, ni non plus un film deffrayant la chronique. Et, pire que ça, c'est un documentaire. Et pourtant... tomber sur ce film par pur hasard est un mensonge.
C'est un film sans prétention qui vaut tous les grands, qu'ils soient documentaires ou films. L'univers m'a, j'avoue, beaucoup fait penser à celui de "Ca commence aujourd'hui", bien que celui-ci soit une fiction et l'autre un documentaire. Preuve que les deux sont tout autant réalistes !
On ne peut que s'attacher à ses petits gamins, à leurs problèmes, à leurs familles... et on pleurerait presque avec le professeur quand sonne l'heure des grandes vacances...

un visiteur
Tendresse, enfance épanouie et travail scolaire font la recette de ce film très chaleureux.

un visiteur
Etre et avoir est un très beau documentaire sur les classes uniques, comme il en existe en France et ailleurs ! Moi, je n'ai pas connu ce genre de classe !
 

Documentaire et structure dramaturgique
http://www.cndp.fr/lesScripts/bandeau/bandeau.asp?bas=http://www.cndp.fr/actualites/question/etreavoir/etre1.htm
Quand on lui demande quelle est son activité, Nicolas Philibert répond qu'il « fait des films », pas des documentaires. Avec son début (ramassage des élèves au petit matin), son milieu (travail quotidien ponctué de péripéties) et sa fin (visite au collège et vacances), « Être et avoir » repose sur une structure dramaturgique linéaire. Comme un bon « metteur en scène » classique, l'auteur prend d'abord soin d'inscrire son histoire dans une géographie rurale bientôt rythmée au gré des saisons et des travaux des champs. Les différents protagonistes sont ensuite hiérarchisés selon un schéma narratif type qui les fait émerger du groupe et les rend parfaitement identifiables : personnages principaux (l'instituteur monsieur Lopez, Jojo...), personnages secondaires, personnages qui émergent (Nathalie) ou qui s'estompent (Axel), ceux qui enfin ne font qu'une apparition. La narration, extrêmement « posée » grâce à son filmage en plan-séquence et à la grande sérénité qui se dégage de l'instituteur, est constituée d'une série de saynètes auxquelles il est amusant de donner un titre (« Axel et ses fantômes », « Deux vilains bagarreurs », « Jojo et son "horizontal" »...).
Les émotions sont nombreuses dans « Être et avoir ». Les « dialogues » puisent souvent à la source de la drôlerie naturelle des enfants et réservent au film de grands moments comiques. Pour autant, la gravité n'en est pas exclue. On se souviendra en particulier de cette scène déchirante de Julien confiant à monsieur Lopez la grave maladie de son père.
Enfin, le regard de Nicolas Philibert ne se limite pas au petit théâtre de l'école. Pour lui, la vie de famille, moment privilégié des devoirs à la maison, des travaux à la ferme ou de la détente sur un vélo, est importante. Aussi occupe-t-elle une place discrète mais récurrente à l'écran. Sa présence permet d'étendre l'espace de la représentation de la vie des enfants et d'en renforcer considérablement la richesse psychologique.
 
 

Carte des régions


 
 

Les départements de l'Auvergne

Canton de Sauxillanges dans le département 63 du Puy-de-Dome

Puy-de-Dome 63


 

La commune Saint-Étienne-sur-Usson en chiffres :
Code postal : 63580 - Population : 232 - Superficie : 1558 ha


 

Allez sur le site de la commune de Saint-Étienne-sur-Usson  et visitez l'école à classe unique d'autrefois






Vocabulaire

davantage - mehr
champêtre - ländlich
le quotidien - der Alltag
le galopin - der Bengel
touchant,e - rührend
l'innocence (f) - die Unschuld
la classe unique - die Zwergschule
la vocation - die Berufung
la tendresse - die Zärtlichkeit
l'humanité (f) - die Menschlichkeit
le diablotin - das Teufelchen
taché,e de d'encre - mit Tintenflecken
 
 
 

le repéraqe - die Recherchen
rural,e - ländlich
le désarroi - die Bedrängnis
pluôt - eher
avoir à l'esprit (m) - denken an
l'apprentissage (m) - das Erlernen
le calcul - das Rechnen
séduire - begeistern
la proposition - das Angebot
averti,e - unterrichtet
le bambin - das Kind
à part égale - gleich viel
gratifiant,e - befriedigend
débarquer (fam.) - eintreffen
 
 
 

le témoin - der Zeuge
dénoncer - aufdecken
faire naître, susciter - hervorrufen
l'entrée (f) - die verkaufte Eintrittskarte
la relation de confiance - das Vertrauensverhältnis
la gageure - das Ding der Unmöglichkeit
perturber - stören
la prise de son - die Tonaufnahme
le perchiste - der Mikrofonträger
à l'avance - vorher
la vigilance - die Wachsamkeît
le reflet - die Spiegelung
le tableau - die Schultafel
sans prétention (f) - schlicht
roboratif,ve - anregend
avouer - zugeben
nul doute que - sicher
 
 

le sourd - der Gehörlose
la surdité - die Taubheit
le pensionnaire - der stationäre Patient
le soignant - die Pflegekraft
 

Sites internet à consutler:

http://chipsquaw.free.fr/etreetavoir/index_2.html - Le site officiel du film
http://www.cndp.fr/lesScripts/bandeau/bandeau.asp?bas=http://www.cndp.fr/actualites/question/etreavoir/etre1.htm
http://www.cndp.fr/lesScripts/bandeau/bandeau.asp?bas=http://www.cndp.fr/actualites/question/etreavoir/etre1.htm
http://www.allocine.fr/film/galerie.html?cfilm=35962&rc=5